Des hauts reliefs veillant sur des plaines qui s'étendent le long d'une côte partagée entre plages de sable fin, caps rocheux et lacs scintillants s'ajoutent à une biodiversité unique pour offrir à la wilaya d'El Tarf un potentiel touristique irréfragable, propre à promouvoir durablement l'économie dans cette région.Universitaires, enseignants, cadres ou simples citoyens s'accordent, en effet, à affirmer que les atouts que réunit cette wilaya de l'Extrême-est du pays, où la nature exerce un attrait fascinant, lui confèrent une place de choix dans le contexte d'un tourisme national véritablement compétitif.Aujourd'hui, toutefois, comme l'admet volontiers le directeur de wilaya du Tourisme, seules les activités balnéaires tirent, quoique de manière désordonnée en l'absence de toute infrastructure adéquate, leur épingle du jeu en continuant d'attirer, chaque été, d'importants contingents de vacanciers.Pourtant, en plus des sites littoraux, très beaux au demeurant, El Tarf se singularise par une situation géographique unique et enviée. La particularité des milieux naturels de cette région, la diversité de sa faune et de sa flore, ses aulnaies, ses forêts denses et une foule d'autres attractions naturelles militent pour l'engagement d'une «vraie réflexion» sur le développement du tourisme local, note Mohamed, enseignant de son état. Une réflexion «participative» qui pourrait déboucher, selon lui, sur d'autres formules comme le tourisme sportif, écologique, culturel et de découverte. Parmi les atouts considérables de cette wilaya, figure sa plaine. Généralement marécageuse, elle est un authentique trésor. Ses étendues, ponctuées par un cordon dunaire qui s'étire sur une centaine de km depuis la Seybouse, à l'Ouest, jusqu'au cap Rosa, dans la commune d'El-Kala, vers l'Est, sont mises en valeur par de douces collines faites de maquis et de dunes de sable qui peuvent atteindre 30 m de hauteur, à l'image de la surélévation juxtaposant les plages «Messida» et «la Vieille-Calle». C'est cette même zone qui renferme les 25 plages de la wilaya d'El Tarf, dont les 15 ouvertes à la baignade au cours de l'été dernier. Lacs d'une beauté exceptionnelle Les collines qui entourent la wilaya d'El Tarf, notamment la ville d'El Kala, la plus «envahie» en été, donnent à admirer un autre paysage verdoyant rehaussé par six lacs d'une beauté exceptionnelle, en l'occurrence les lacs Tonga, Oubeïra, Mellah, Bleu, Noir et le lac des Oiseaux, tous voisins de la Mekhada, une plaine marécageuse s'étendant sur plus de 16 000 hectares. Le directeur du parc national d'El Kala (PNEK), M. Moncef Bendjedid, rappelle que les plans d'eau faisant partie de ce parc protégé, à savoir les lacs Tonga, Oubeïra, Mellah et Bleu, figurent sur la liste des zones humides d'importance internationale. Ils forment à eux seuls, grâce à leur richesse faunistique et floristique, un écosystème lacustre unique.Pour ce responsable, la région d'El Tarf, de par sa position dans le bassin méditerranéen, l'exubérance de sa végétation et l'étendue de ses lacs et marais, constitue un sanctuaire pour une faune remarquable dont l'avifaune est l'une des composantes les plus spectaculaires.Ces zones humides sont situées sur la voie de migration du paléarctique occidental et, de ce fait, des dizaines de milliers d'oiseaux d'eau viennent y hiverner ou y faire une halte avant d'entamer la traversée du Sahara ou de la Méditerranée à la recherche de milieux plus cléments.Ces lacs sont également des lieux de nidification pour des espèces en recul ou carrément en voie de disparition. Une dimension écologique indéniable L'aspect écologique de ces étendues miroitantes est tout aussi indéniable. Ils sont en effet un élément très important dans le maintien de l'équilibre de l'écosystème ambiant. En dehors de leur dimension environnementale, ces lacs, par la beauté de leur paysage et des espaces forestiers qui les entourent, offrent de réelles possibilités pour «fouetter» l'activité touristique mais aussi pour développer toutes sortes d'activités aquacoles. Le Conservateur des forêts, M. Mohamed Teyar, met en relief «l'étage bioclimatique subhumide à humide conféré à cette région». La diversité des milieux physiques y est remarquable, la couverture végétale y est très variée, composée essentiellement de formations herbacées, arborées et arbustives attribuant à cet espace de 161.000 hectares de forêts un intérêt touristique incontestable.Il s'agit en particulier des forêts de Ghourra, qui culminent à plus de 1 100 m d'altitude, de Boufhel, de Khanguet Aoun, de Beni-Salah, de Dyr et de Ain-Kerma. Pour ce responsable aussi, la valorisation du tourisme sous ses différentes formes dans cette wilaya est «plus que souhaitée».Sources thermales naturelles, comme celle de Hammam Sidi-Trad, dans la commune de Zitouna, des sites archéologiques et historiques remarquables (plus de 220 y sont recensés, dont la majorité se trouve sur le littoral ou à proximité, comme les dolmens de la commune de Bougous et les gravures rupestres découvertes récemment à Cheffia), le port de pêche d'El Kala, des palais datant de l'époque romaine, à l'instar de celui Ksar Lala Fatma construit en plein massif montagneux, sont autant de ressources qui gagneraient à être mises en valeur, estime-t-on de façon quasi-unanime à El Tarf.La proximité de la ville d'Annaba, de son aéroport, de son port et de ses gares (routière et ferroviaire) est un autre avantage pouvant faire de la wilaya d'El Tarf, pour peu que l'on se «retrousse les manches», comme le souligne Mohamed l'enseignant, un centre de rayonnement touristique unique en Algérie. APS