De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Paris, la ville de la Révolution de 1789, des communards en 1871, des résistants qui l'ont libérée de l'occupation des Nazis, vient de s'honorer en étant la première collectivité française à ériger une stèle «en hommage à toutes les victimes de l'OAS en Algérie et en France. Civils, militaires, élus, magistrats, fonctionnaires, défenseurs des institutions et des valeurs de la République». La stèle a été dévoilée, jeudi dernier au cimetière du Père Lachaise, par le maire de Paris, Bertrand Delanoë, en présence de plusieurs représentants d'associations d'anciens combattants et de défenseurs du combat anticolonialiste, ainsi que de personnalités, de ceux qui portent encore les traces des blessures commises par l'OAS, et d'enfants d'assassinés par ce que Jean-François Gavoury, président de l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS (Anpromevo), a qualifié de «syndicat du crime qui fut le rassemblement des extrêmes droites, monarchistes, pétainistes, catholiques intégristes, nostalgiques de l'empire colonial français et autres ennemis de la République». «L'OAS a voulu empêcher, par ses attentats, la seule issue possible, l'indépendance algérienne», a-t-il ajouté. En inaugurant la stèle, le maire de Paris a souligné que «les victimes que nous honorons aujourd'hui sont des femmes, des hommes, des enfants, des militaires, des Français et Algériens morts parce qu'une «organisation a contesté et voulu abattre l'ordre démocratique». Il a exprimé sa «fierté que Paris soit la première ville à inaugurer une stèle aux victimes de l'OAS, organisation idéologiquement criminelle et barbare dans ses actes, mais avec le regret que cela n'ait pas été fait plus tôt». Plutôt, c'est ce qu'ont fait plusieurs villes du Midi de la France, mais pour rendre hommage aux assassins de l'OAS, «travestir la mémoire et déformer l'Histoire.» Comme à leur adresse, Bertrand Delanoë a estimé qu'«il ne peut y avoir d'unité du peuple français s'il n y'a pas de vérité», «On ne peut pas penser son avenir si subsistent ambiguïté ou lâcheté vis-à-vis de l'Histoire».«Je me félicite qu'enfin ce pan d'Histoire de France ait sa place», a déclaré pour sa part Henri Alleg, l'auteur de «La question», témoignage de ses tortures par l'armée française durant la Guerre d'Algérie. Et émouvante fut l'intervention de Delphine Renard, défigurée à l'âge de quatre ans par une charge de plastique de l'OAS qui visait l'écrivain et ministre du Général De gaulle, André Malraux. Tout comme celle de Alban Liechti, condamné à quatre ans de prison pour avoir refusé de prendre les armes contre les Algériens. «Dans cette guerre, a-t-il dit, ce sont les Algériens qui défendent leurs femmes, leurs enfants, leur patrie, ce sont les Algériens qui combattent pour la paix et la justice. Les gens de l'OAS, a-t-il ajouté, ont été réintégrés dans leurs grades, indemnisés pour certains, cette injustice est insupportable». L'inauguration de cette stèle en cette année du cinquantième anniversaire de la création de l'organisation criminelle OAS est l'aboutissement d'une revendication portée par plusieurs associations, telle que l'Anpromeva, depuis 2008. Elle intervient à quelques jours d'un autre 50e anniversaire, celui du 17 octobre 1961 qui sera commémoré avec un éclat particulier, avec une revendication que le Mouvement contre le racisme et l'amitié entre les peuples (MRAP) a rappelée dans un communiqué du 5 octobre en ces termes : «Que les plus hautes autorités de la République reconnaissent comme crime d'Etat les massacres commis par la police parisienne le 17 octobre 1961 et les jours suivants.»