Une stèle à la mémoire des victimes de l'Organisation de l'Armée secrète (OAS), l'organisation de défense de l'Algérie française, a été dévoilée jeudi au cimetière parisien du Père-Lachaise, la première à la mémoire des Français et Algériens victimes de ce groupe clandestin. « L'OAS, c'est une organisation terroriste, c'est une organisation criminelle qui a voulu détruire la République. Les victimes que nous honorons aujourd'hui sont des femmes, des hommes, des enfants, des militaires, des Français et Algériens morts parce qu'une organisation a contesté et voulu abattre l'ordre démocratique », a dit le maire de Paris, Bertrand Delanoë. La stèle porte l'inscription suivante: « 1961-1962. En hommage à toutes les victimes de l'OAS en Algérie et en France. Civils, militaires, élus, magistrats, fonctionnaires, défenseurs des institutions et des valeurs de la République ». L'Organisation de l'armée secrète (OAS) s'est livrée durant les dernières années de la Guerre d'Algérie (1954-62) à la lutte armée, à une série d'attentats et d'assassinats en Algérie en sur le territoire métropolitain pour que l'Algérie reste française. Président de l'association nationale pour la mémoire des victimes de l'OAS et fils d'un commissaire assassiné par l'organisation en 1961, Jean-François Gavoury a rappelé que « l'OAS est apparue en début d'année 1961 et a semé la terreur jusqu'en 1962 afin d'empêcher que soit trouvée la seule issue possible au conflit, celle de l'indépendance de l'Algérie ». Cet homme, qui a ardemment milité pour l'édification de cette stèle, a souligné que l'OAS fonctionnait « à la manière d'un syndicat du crime », où se retrouvaient aussi bien militants d'extrême droite, monarchistes, catholiques intégristes, nostalgiques de l'empire colonial français. Parmi les personnes présentes à la cérémonie figurait Delphine Renard, grièvement blessée le 7 février 1962 dans un attentat qui visait André Malraux, ministre français de la Culture et écrivain. « Je suis fier que Paris soit la première commune, la première institution française à oser le faire, mais avec le regret que cela n'ait pas été fait plus tôt », a ajouté Bertrand Delanoë.