PARIS - Une stèle en hommage aux victimes algériennes et françaises de l'Oas (Organisation armée secrète), a été dévoilée jeudi au cimetière Père Lachaise, lors d'une cérémonie présidée par le Maire de Paris, Bertrand Delanoë, et à laquelle ont pris part des élus et des familles des victimes de l'organisation terroriste. Sur la stèle marbrée est gravé en lettres d'or "1961-1962. En hommage à toutes les victimes de l'Oas en Algérie et en France. Civils, militaires, magistrats, fonctionnaires, élus, défenseurs des institutions et des valeurs de la République". L'Oas avait semé la terreur entre 1961 et 1962 afin "d'empêcher que soit trouvée la seule issue possible au conflit : l'indépendance de l'Algérie", rappelle le président de l'Association pour la protection de la Mémoire des victimes de l'Oas, Jean-François Gavoury. La présence de la stèle dans le voisinage immédiat du monument érigé par la Ville de Paris en mémoire des morts pour la France et la dédicace dont elle est porteuse sont une "incitation à l'apprentissage par les jeunes générations de la guerre d'Algérie à travers la page franco-française du conflit sans doute la plus douloureuse et la plus sombre", a-t-il dit. Pour M.Gavoury dont le père, un commissaire de police en Algérie sous administration coloniale, a été assassiné par l'Oas, le dévoilement de cette stèle aujourd'hui constitue un "acte fondateur de la mémoire plurielle de la guerre d'Algérie". "Ce jour marquera une étape déterminante vers la reconnaissance par la Nation (française) des souffrances endurées par les victimes de l'Oas", a-t-il dit. Le 8 février 2011, le Conseil de Paris avait unanimement voté en faveur de la pose de la stèle. Le vote des élus avait eu lieu le jour-anniversaire de la manifestation du 8 février 1962 à Paris, organisée pour dénoncer les crimes de l'Oas et la poursuite de la guerre d'Algérie. Le projet est soutenu, outre la Mairie de Paris, par des mouvements et des associations dont France-El Djazair, la Ligue des droits de l'Homme, le Mrap et la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Selon des estimations d'experts appartenant à la Société française d'histoire de la police, les attentats de l'Oas a fait plus de 2700 victimes, civiles et militaires, en Algérie et en France Parmi les chefs en vue de l'Oas, une organisation clandestine regroupant des militaires et des civils partisans de l' "Algérie française", le général Salan et le colonel Godard, officiers supérieurs dans l'armée française sous De Gaule, et Jean-Jacques Susini, cadre dans l'actuel Front national de Jean-Marie Le Pen, un parti d'extême-droite en France.