Photo :Riad Par Amel Bouakba Comme beaucoup de choses en Algérie, les Bureaux d'hygiène communaux (BHC) fonctionnent mal. C'est un constat sans appel. Ces structures qui disposent pourtant de budget et de personnel sont inefficientes sur le terrain et sont loin de remplir leurs rôles. Théoriquement, les BHC existent depuis 1987, conformément au décret n° 87-146, mais ces structures sont restées durant des années inactives, avant que le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales ne décide d'y remettre de l'ordre et de les réactiver en 2009. Le ministère avait annoncé à ce moment-là que «toutes les communes du pays seront dotées de services d'hygiène et de prévention en vue de consolider les capacités préventives des collectivités locales». Mais plus de deux années après cette annonce, la situation n'est guère meilleure. A croire que ces bureaux d'hygiène se contentent uniquement d'occuper des locaux dans les APC, sans pour autant assumer leurs prérogatives. L'insalubrité est omniprésente dans la majorité des cités et quartiers. Même les cités AADL sont gagnées par cette insalubrité. A la cité AADL de Sebbala, de Ouled Fayet et à travers l'ensemble des cités AADL d'Alger, les locataires plongent dans une véritable désillusion. Bien qu'ils s'acquittent mensuellement des charges liées à l'hygiène, l'entretien et le gardiennage, ils font face à une gestion criante de leurs cités. «Les gardiens d'immeuble sont pratiquement absents et l'insalubrité gagne de plus en plus du terrain dans ces cités, présentées jadis comme des modèles», témoignent des habitants. Certains quartiers détiennent la palme des déchets et ordures ménagères avec ce qu'ils engendrent comme moustiques, mouches et maladies de toute nature. Aujourd'hui, il suffit de faire un tour dans la capitale et dans les autres villes du pays pour se rendre compte de l'inefficacité ou encore de la quasi-inexistence des bureaux d'hygiène censés assurer un environnement sain et propre et un cadre de vie agréable. Mais les responsables de ces services font preuve d'un véritable laxisme. Les exemples ne manquent pas. Au niveau des marchés, la notion d'hygiène n'existe presque plus. L'abattage clandestin de poulets fait rage au mépris de la santé des consommateurs. Les produits alimentaires (pain, produits carnés et laitiers…) sont exposés sans aucun respect des règles d'hygiène mettant en péril la santé du citoyen et tout cela au su et au vu des services d'hygiène. A longueur de journée, les tonnes de déchets jetés par les commerçants s'entassent, empestant l'atmosphère. Le manque d'hygiène et l'accumulation des ordures favorisent la prolifération des maladies et détériorent les conditions de vie. La situation est telle que certaines maladies progressent, notamment la rage ou encore les leishmanioses, et toutes sortes de zoonoses (maladies transmissibles de l'animal à l'homme). Il faut savoir que la leishmaniose est une maladie grave souvent fatale qui se transmet par la piqûre (à la tombée de la nuit) d'un insecte de type moucheron appelé phlébotome. Le parasite agent de la maladie est un protozoaire microscopique appelé Leishamanie. L'insecte transmet le germe dont il est vecteur d'animal à animal. C'est de façon accidentelle qu'il le transmet à l'homme. La transmission directe par contact est également possible : le chien présente des leishmanies dans sa peau, ses sécrétions nasales et oculaires ; il peut donc transmettre ses parasites à la faveur de lésions cutanées de l'enfant ou de l'adulte. Dans certaines formes, l'évolution spontanée sans traitement est mortelle en quelques mois. Toutes ces maladies sont favorisées par la saleté ambiante. D'ailleurs, de nombreux cas de leishmaniose et de rage ont été signalés ces derniers temps. La leishmaniose se propage à plusieurs villes d'Algérie, de même que la rage. Les morsures causées par les animaux errants sont souvent graves.Face à l'absence sur le terrain des bureaux d'hygiène communaux, les comités de quartier se mobilisent et tentent de s'imposer sur le terrain, en sensibilisant à la nécessité de préserver le cadre de vie et un environnement sain. Ce qui est loin d'être une sinécure, ballottés entre la défaillance des collectivités locales et l'incivisme des citoyens. Car il faut dire que dans certains cas, le comportement de certains citoyens est tout à fait déplorable. Ces derniers ne respectent ni les horaires de ramassage des ordures, encore moins les règles les plus élémentaires d'hygiène. Dans des quartiers et cités, l'image que renvoient ces citoyens est inacceptable. Ils font preuve d'un manque flagrant d'hygiène et de propreté et il arrive même que certains d'entre eux jettent des sachets d'ordures de leurs fenêtres. Or, si les pouvoirs publics sont appelés à «veiller à la protection de l'environnement et à la santé de la population», le citoyen qui a certainement le droit de vivre dans un cadre épanouissant a également le devoir de respecter et de défendre ce patrimoine commun.