Les électeurs tunisiens se rendront aujourd'hui aux urnes pour élire les membres de l'Assemblée constituante, neuf mois après le départ de leur président déchu. Première à se dérouler dans le pays qui a donné l'étincelle des «révoltes arabes» en s'affranchissant de son dictateur le 14 janvier dernier, l'élection tunisienne sera suivie par plus de 10 000 observateurs locaux et plus de 600 étrangers et 15 organisations étrangères, dont les plus importantes sont une mission de l'Union européenne avec 180 observateurs et le Centre Carter qui en déploiera 60. Le Syndicat des magistrats tunisiens a, pour sa part, décidé la création d'un observatoire appelé «Chahed» qui aura pour mission de contrôler le processus électoral et contribuer à la réussite de cette consultation qui «jettera les bases d'une République démocratique, citoyenne et des droits de l'homme», affirme le doyen des avocats tunisiens, Abderrezak Kilani. Cet observatoire a, également, pour rôle de relever les dépassements qui pourraient survenir dans l'opération électorale, à travers le déploiement d'observateurs au niveau de toutes les circonscriptions électorales, et de donner des orientations et des conseils juridiques. La couverture médiatique sera assurée par près de 1 500 journalistes tunisiens et étrangers venus des quatre coins du monde. Les électeurs tunisiens, au nombre potentiel de 7 500 000 millions, auront à choisir leurs représentants parmi plus de 11 000 candidats figurant sur 1 517 listes. 828 d'entre elles représentent quelque 80 partis, 655 autres indépendantes et 34 coalitions réparties sur 27 circonscriptions électorales couvrant tout le territoire tunisien. Une loi électorale a institué la parité homme-femme dans les listes. Mais, au final, la gent féminine ne représentera que 6% des têtes de liste. Selon l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), 56% des candidats ont moins de 40 ans et 25% sont âgés de 40 à 50 ans. Les postulants se disputent 199 sièges sur les 217 que comptera la Constituante, 18 sièges étant réservés à la communauté tunisienne à l'étranger, dont le vote a pris fin hier, dans six circonscriptions (deux en France, une en Italie, une en Allemagne, une dans le monde arabe et une en Amérique).Les différents centres de vote ont été dotés des moyens logistiques nécessaires et 50 000 agents et encadreurs des bureaux de vote seront déployés dans les 27 circonscriptions électorales du pays. «Si le scrutin enregistre un taux de participation de 60% ou plus, nous pourrions parler d'un succès», a estimé le président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections, ajoutant que sur les 7 millions de citoyens, 4 millions se sont inscrits sur les listes électorales. Les non-inscrits pourront accomplir leur devoir civique avec la carte d'identité dans les circonscriptions électorales relevant de leur lieu de résidence, a-t-il dit. Il a ajouté que la campagne électorale s'est déroulée jusqu'ici dans de très bonnes conditions sans qu'aucun incident n'ait été signalé, rappelant que l'élection d'une Assemblée constituante est une «étape historique dans la consécration» des revendications et objectifs exprimés par les Tunisiens lors de la Révolution du 14 janvier, à savoir «la liberté, la justice sociale, la dignité, l'égalité et les droits de l'Homme». Pour ce qui est des mesures sécuritaires prises afin d'assurer un bon déroulement du scrutin, le gouvernement tunisien de transition a mobilisé 42 000 soldats et policiers. Outre 22 000 militaires et quelque 20 000 policiers, 2 500 moyens de transport terrestre et 14 aériens ont été mobilisés pour le transfert des urnes, selon les ministères de la Défense nationale et de l'Intérieur. G. H.