De notre envoyé spécial à Oran Hassan Gherab Au-delà des nombreuses opportunités de partenariats et de pénétration du marché national des équipements, le deuxième Salon international des énergies renouvelables, des énergies propres et de développement durable (ERA) qui se tenait à Oran, la semaine dernière, a aussi confirmé la position du pays quant à l'intégration et l'exploitation des sources énergétiques non polluantes. La mise en place du programme national des énergies renouvelables a permis l'inscription de nombreux projets à travers le pays, notamment dans les Hauts-Plateaux et le Sud.Pour l'heure, le programme n'est pas encore connu dans ses moindres détails, mais des projets sont annoncés à l'occasion, comme c'est le cas à ERA 2011. Ainsi, en l'espace de deux jours, deux projets sont évoqués. Le premier, déjà annoncé, a fait l'objet d'une communication de la représentante de la Chambre de commerce algéro-allemande (AHK) et concerne la réalisation, pour une enveloppe budgétaire de 290 millions d'euros, d'une centrale photovoltaïque dans le Sud algérien dans le cadre d'un partenariat entre l'entreprise allemande Centrotherm Photovoltaics AG et Rouiba éclairage, filiale du groupe Sonelgaz, en charge de la production de modules photovoltaïques. Quant au deuxième projet, il s'inscrit dans le moyen terme et porte sur l'équipement de quelque 10 000 habitations rurales de panneaux solaires, a indiqué le représentant du Haut-Commissariat au développement de la steppe (HCDS) qui a un stand au Salon ERA 2011. Ce projet est drivé par le HCDS qui relève également du groupe Sonelgaz. Le HCDS a déjà investit le terrain avec l'installation de balises solaires sur les pistes des caravaniers et de pompes solaires au niveau de certains puits.Ces projets, qui s'ajoutent à d'autres, telle la future création par l'entreprise italienne Green energy srl d'une usine de fabrication de modules photovoltaïques, montrent que l'Algérie s'oriente résolument vers le développement et la généralisation de l'utilisation des énergies renouvelables et propres. Mais se tourner vers un objectif ne veut aucunement dire y parvenir. Un projet est une idée - qu'on croit bonne -, mais elle est intangible. Sa concrétisation a besoin d'un cadre législatif et d'une organisation institutionnelle d'abord, et d'une allocation financière ensuite. En Algérie, avec le programme national des énergies renouvelables et le budget qui lui est alloué, on peut dire qu'on a les deux, pourtant la machine tarde à démarrer, ou du moins à atteindre sa vitesse de croisière. Les chercheurs comme les opérateurs, privés essentiellement, se plaignent encore de lenteurs administratives et de freins bureaucratiques, quand ce n'est pas carrément des sabordages dont se rendent coupables des responsables qui utilisent leurs postes et l'institution publique qu'on leur confie à des fins personnelles ou les mettent au service de lobbys et d'intérêts étrangers. Pis encore, des responsables soutiennent que les options et choix adoptés ne sont pas toujours les meilleurs. Autrement dit, les idées avancées ne sont pas toujours bonnes. Le président d'In Salah Gas, Mohamed Keddam, lors de sa conférence sur la capture et le stockage du CO2, jeudi dernier, a ainsi conseillé de ne pas se précipiter dans le choix des technologies pour la production des énergies renouvelables. Hier, un autre chercheur enfoncera le clou en nous affirmant que les centrales photovoltaïques en projet utiliseront des équipements déjà «dépassés», ce que nous a confirmé la représentante d'Inventux technologies AG, une entreprise allemande qui fabrique des panneaux photovoltaïque micromorphes plus performants que ceux connus jusque-là et que l'Algérie projette de produire.On ne peut réellement promouvoir l'exploitation et l'usage des énergies renouvelables, si on n'ouvre pas grandement la voie à tous les projets environnementaux porteurs. On doit faciliter la démarche aux investisseurs, privés ou publics, nationaux ou étrangers. Il s'agira aussi d'encourager la conversion au solaire des industriels. L'intégration de l'énergie solaire dans le réseau électrique local et national, l'actualisation de la carte nationale des vents (pour l'énergie éolienne) et l'aide aux particuliers pour l'acquisition des équipements de production des énergies renouvelables - solaire et éolienne notamment - sont tout aussi nécessaires. Car, l'adoption de ces sources d'énergies inépuisables et propres n'a nul besoin d'une grande opération de charme et de sensibilisation. Les citoyens sont déjà convaincus et acquis à la cause. Comment ne le seraient-ils pas quand ils savent que grâce à des panneaux solaires et/ou des éoliennes, ils peuvent alléger leurs factures d'électricité ? Le nombre de visiteurs du Salon ERA 2011, qui, faut-il le souligner, est un salon spécialisé, est en soi indicateur de l'intérêt des opérateurs et des citoyens à ce présent du ciel et de Dame nature : une moyenne de 1000 visiteurs par jour, avec un pic de 1500 jeudi dernier. N'est-ce pas là une vague sur laquelle l'Algérie peut surfer pour atteindre l'objectif du programme national des énergies renouvelables, en sachant bien évidemment manœuvrer et en éliminant tous ceux qui freinent des quatre fers parce qu'ils veulent que tout se fasse par eux et, surtout, pour eux.