De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Les pouvoirs publics ne semblent pas pressés de développer le tourisme en Algérie. Le Schéma directeur de l'aménagement touristique (SDAT), conçu pour un horizon aussi lointain que l'année 2030, le montre parfaitement bien. C'est que si l'on croit les déclarations des responsables de l'Etat, notamment celles du ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Smaïl Mimoun, les autorités veulent privilégier la qualité au lieu de la quantité, et prendre tout leur temps en vue d'acquérir une compétitivité sur le marché mondial du tourisme. Pour cela, l'Etat algérien ne mise pas seulement sur la campagne de réhabilitation et de modernisation des structures hôtelières existantes et la réalisation de nouvelles autres, mais aussi et surtout sur une meilleure formation aux métiers de l'hôtellerie. Et c'est dans ce sens que le gouvernement a décidé de mettre en œuvre des réformes du système de formation dont Smaïl Mimoun a donné les contours lors de sa visite effectuée mardi dernier à Tizi Ouzou à l'occasion de l'ouverture officielle de l'année académique des établissements de formation relevant du secteur du tourisme.A l'Institut national des techniques hôtelières et du tourisme, et devant des centaines de stagiaires et un parterre d'invités, le ministre du Tourisme et de l'Artisanat a largement abordé cette question, en insistant sur «l'évaluation périodique de nos établissements de formation (qui) est d'une impérieuse nécessité, car elle permet de prendre connaissance des points forts et de les renforcer et de les promouvoir, mais également de diagnostiquer les points faibles pour une prise en charge efficiente en vue de les surmonter, tout en s'inspirant des expériences internationales reconnues dans le domaine de la formation aux métiers de l'hôtellerie et du tourisme». Il évoquera également les relations de partenariat entre le dispositif de formation dans son secteur et son environnement économique pour «en faire un axe prioritaire dans les réformes engagées, tant au niveau de nos écoles qu'au niveau de la stratégie de développement et de mise à niveau de l'entreprise hôtelière et touristique». Renforcer la relation, la formation et l'environnement économique Pour le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, le renforcement de cette relation mènera nécessairement vers une formation à caractère professionnel dans le sens où les professionnels du tourisme et de l'hôtellerie seront impliqués dans la formation des stagiaires. «En vue de garantir et de faciliter l'employabilité des jeunes diplômés, le caractère professionnel du cursus de formation aux métiers du tourisme est une exigence, et ce, par le renforcement de leurs compétences techniques et professionnelles, considérées comme le socle sur lequel repose leur véritable insertion dans la sphère économique», dit-il en suggérant qu'il s'agit pour les jeunes stagiaires de bénéficier de l'expérience des professionnels déjà en fonction, de leur savoir-faire et même de leur savoir-être lors de stages pratiques de longues durées qu'ils effectueront au sein de leurs établissements respectifs. En somme, les pouvoirs publics entendent faire de l'entreprise hôtelière un véritable acteur dans le cursus de formation des jeunes stagiaires, afin de «faciliter l'insertion professionnelle du stagiaire» et «d'atteindre le geste professionnel», en renforçant le caractère professionnel de la formation.D'un autre côté, les pouvoirs publics semblent conscients de la nature non statique des prestations de service touristique, donc aussi du système de formation, d'où leur intention de mettre l'accent sur l'aspect de la formation des formateurs et en faire leur cheval de bataille, pour rendre disponible un encadrement pédagogique qualifié, et mettre à jour leurs connaissances et les adapter aux nouvelles méthodes pédagogiques avec l'apport des nouveaux supports didactiques modernes. Pour ce faire, ajoute Smaïl Mimoun, «en vue de faire bénéficier les formateurs des expériences internationales dans ce domaine, j'accorderai toute l'attention à ce volet dans le cadre de la coopération internationale, notamment en ce qui concerne les méthodes d'enseignement moderne». Dans le même ordre d'idées, et parce que la formation aux métiers de l'hôtellerie repose essentiellement sur l'aspect pratique, Smaïl Mimoun affirme que les pouvoirs publics entendent mettre à niveau d'une manière régulière le dispositif de formation, par le renouvellement des équipements et matériels de cuisine et la rénovation des équipements de restauration de sorte à ce qu'ils répondent aux standards internationaux. Donc, les pouvoirs publics accordent une grande importance au volet formation, d'une manière générale, mais encore à la formation continue des professionnels du secteur, leur recyclage et leur mise à niveau, «car nous sommes conscients que le véritable développement ne peut se faire que grâce à la compétence humaine», dit encore Smaïl Mimoun qui donnera, pour étayer ses propos, les résultats d'études réalisées par les pays développés sur la place qu'occupe la ressource humaine dans le développement d'un pays. Un plan de formation opérationnel s'impose «Parler de la compétitivité, du développement humain et de la promotion de l'entreprise économique en tant que concepts théoriques, ne permet pas d'atteindre les objectifs escomptés. Ceci doit être accompagné par la réalisation d'un plan de formation opérationnel, élaboré selon des critères scientifiques et les résultats seront fixés et concrétisés grâce à l'intelligence humaine», ajoute encore le ministre du Tourisme et de l'Artisanat pour qui il est urgent «d'entreprendre des réformes au niveau du système de formation avec comme nouveauté l'entreprise formative». Pour lui, c'est dans cette perspective que la carte de la formation du secteur du tourisme a été réfléchie et élaborée. Une carte qui «définit la politique de valorisation des ressources humaines avec précision et objectifs clairs dont la promotion des métiers de l'hôtellerie et du tourisme aux normes internationales, pour préparer l'Algérie touristique». Une carte également avec des objectifs clairs : répondre aux exigences du marché touristique en besoins de formation au plan quantitatif et qualitatif au niveau de chaque pôle d'excellence touristique, en tenant compte des projets d'investissement touristique en cours de réalisation, et ceux qui seront réalisés à l'avenir et arrêter une nouvelle carte des établissements et écoles de formation publics et privés dans le domaine de la gestion et des métiers du tourisme, dans le cadre de partenariat, de complémentarité et de coordination intersectorielle. Il s'agira également de renforcer les capacités organisationnelles, les compétences et la professionnalisation des cadres dirigeants ainsi que celles des personnels d'encadrement dans les établissements de formation et mettre à jour les programmes pédagogiques dans le but d'atteindre l'excellence.Pour Smaïl Mimoun, ce sont des objectifs stratégiques à partir desquels les pouvoirs publics veulent «inculquer une culture basée sur la demande et non sur l'offre, dans le but de garantir des offres étudiées sur la base de prévisions confirmées et contrôlées» précise-t-il. et d'ajouter par ailleurs que ses services entendent consacrer une place privilégiée à la valorisation du patrimoine national, notamment à l'art culinaire traditionnel, d'où la décision prise de l'introduire comme filière dans le cursus de formation dès l'année scolaire en cours, appelant pour cela, à l'implication des professionnels et des experts dans ce domaine pour enrichir le contenu des programmes. En attendant l'élaboration d'une cartographie nationale des mets traditionnels.