Photo : Sahel Par Salah Benreguia Dans un contexte économique mondial incertain, l'Algérie continue d'enregistrer une bonne performance économique, tirée, en grande partie, par les investissements publics. Les politiques macro-économiques prudentes suivies par le passé ont permis à l'Algérie de constituer une position confortable avec des niveaux d'endettements très faibles. Le taux de chômage global a baissé mais demeure élevé pour certaines catégories de la population, en l'occurrence les femmes et les jeunes.Telles sont les principales conclusions présentées, hier à Alger, par la mission du FMI dans le cadre des consultations au titre de l'article IV pour 2011 avec notre pays. Le chef de cette mission, M. Joël Toujas-Bernaté, lors de la rencontre avec les journalistes organisée à l'Ecole supérieure de Banque (ESB), a indiqué, d'emblée, que les «performances macroéconomiques de l'Algérie restent robustes en 2011». Pour M. Toujas-Bernaté, la croissance hors hydrocarbures devrait atteindre environ 5%, grâce à une performance des secteurs tirés par les programmes d'investissements publics (PIP) et à une bonne compagne agricole. «Une nouvelle baisse de la production des hydrocarbures devrait, cependant, amener le taux de croissance du PIB global à environ de 2,5%», a-t-il fait remarquer.Au sujet de l'inflation, la même source dira qu'elle demeure «modérée» et devrait se situer aux alentours de 4% à la fin 2011, «malgré des fluctuations des prix des aliments frais». «L'inflation hors aliments frais demeure relativement modérée (4,3%) grâce à une politique monétaire prudente, un soutien aux prix de certains produits alimentaires de base et le contenu élevé en importations des dépenses publiques et la consommation privée», souligne M. Toujas-Bernaté. Et d'ajouter que la position extérieure s'est améliorée par rapport à 2010, avec des réserves internationales qui restent très confortables. «Le solde courant s'est fortement amélioré en raison de la hausse des prix des hydrocarbures qui compense la hausse des importations», a-t-il expliqué. Toutefois, le représentant du FMI a fait savoir que la position budgétaire restera déficitaire en raison de l'augmentation des dépenses totales de 34%, et ce, malgré l'augmentation des recettes d'hydrocarbures. Ainsi, le déficit budgétaire, selon le chef de la mission de cette institution, se creusera en 2011 pour atteindre 5% du PIB, contre un déficit de 2% du PIB en 2010.L'autre point mis en valeur par ce responsable est le chômage. En effet, même si son taux global est resté stable, 10%, il est beaucoup plus élevé chez les jeunes (21%) et les femmes (19%). Pour ce qui est du prochain exercice, le secteur hors hydrocarbures devrait enregistrer une performance comparable à celle de cette année, avec une croissance d'environ 5%. «La production du secteur des hydrocarbures pourrait se stabiliser, conduisant à une croissance globale d'environ 3%. La politique budgétaire restera expansionniste avec la poursuite de l'application des rémunérations plus élevées des fonctionnaires et des mesures de soutien d'ordre socioéconomique lancées en 2011», selon la même source. Abordant la politique monétaire du pays, M. Joël Toujas-Bernaté estime qu'elle devrait rester orientée vers le contrôle de l'excès de liquidités et des pressions inflationnistes qui pourraient apparaître après les hausses importantes des salaires dans le secteur public. Pour ce qui est des défis qui attendent l'Algérie, le conférencier soutient que malgré les progrès réalisés ces dernières années en matière de stabilité macrofinancière, le principal défi demeure «d'atteindre une plus grande diversification économique avec un secteur privé dynamique et générateur d'emplois». «Les perspectives à moyen terme restent favorables, à condition que des réformes ambitieuses soient poursuivies. Ces perspectives sont, cependant, soumises à certains risques : d'une part, la détérioration de l'environnement économique international pourrait entraîner une baisse prolongée du prix du pétrole qui dégraderait fortement les équilibres budgétaires, dune part ; d'autre part, avec la maturation du programme des investissements publics, le secteur privé devra être en mesure de prendre le relais comme moteur de la croissance de l'activité hors hydrocarbures», analyse l'expert du FMI. Et de suggérer plus loin de poursuivre un programme de réformes structurelles ambitieux qui permette l'amélioration du climat des affaires et de la compétitivité des entreprises. «Il faudra continuer à veiller sur l'efficacité du programme d'investissement publics nécessaires pour poursuivre l'amélioration des infrastructures», ajoutera-t-il. S. B. Le FMI défend le retour des crédits à la consommation La décision de suspendre l'octroi par les banques des crédits à la consommation prise, pour rappel en 2009 par le gouvernement, n'a pas de raison de continuer aux yeux des experts du FMI, une fois les travaux de la centrale des risques, au niveau de la Banque d'Algérie, achevés l'année prochaine. Selon M. Joël Toujas-Bernaté, cette centrale de risque, annoncée il y a quelques mois par le patron de la Banque d'Algérie, pour, entre autres, évaluer le niveau de la solvabilité des banques et protéger les ménages du surendettement, devra logiquement mettre fin à ladite suspension. «Les travaux de la centrale des risques se termineront l'année prochaine. Et à partir de là, nous ne verrons aucun obstacle ou de raison que cette mesure de suspension continue, d'autant que les banques ont, à chaque fois, besoin de diversifier leur gamme de produits», a-t-il souligné en marge de la présentation des conclusions de la mission du FMI dans le cadre des consultations, au titre de l'article IV pour 2011 avec l'Algérie.