Bien que le mouvement altermondialiste se soit essoufflé, la crise financière internationale vient confirmer ses craintes et légitimer son existence. D'ores et déjà, les syndicats de plus de cent pays se mobilisent pour faire face au tsunami qui risque d'affecter des millions d'emplois à travers le monde, d'autant plus que la baisse drastique des prix des matières premières menacent déjà des millions de familles dans les pays du Sud. «Dans tous les pays, les familles qui travaillent paient très cher le fardeau des crises financière, alimentaire et énergétique, les plus graves qu'ait jamais connues cette économie mondialisée», a dit le Britannique Guy Ryder. «Nous voulons susciter l'éveil et l'élan non seulement des travailleurs, mais aussi des dirigeants africains et des institutions internationales. Les travailleurs africains subissent les conséquences de toutes les crises occasionnées par la mondialisation et il faut qu'ils expriment leur souffrance et rappellent qu'ils participent au développement de leur pays et du monde», a souligné la syndicaliste de l'Organisation nationale des syndicats libres du Burkina Faso (ONSL), Mamounata Cissé. Une lame de fond est en train de prendre forme lentement mais sûrement pour le retour en force des idées de gauche et même la résurrection du marxisme dont les analyses et les prospectives quant aux capacités de nuisance du capitalisme se confirment de jour en jour. Le mythe libéral s'effondre et s'écrase devant l'inéluctabilité de ses limites historiques. Si, au plan strictement économique, le libéralisme a approfondi le fossé entre le Nord et le Sud, entre les riches et les pauvres, au plan politique et socioculturel, il a généré des situations de crise permanente et d'instabilité chronique. L'affaiblissement et la fragilité de certains Etats du Sud sont dus essentiellement à l'ordre économique mondial injuste et équilibré qui transforme les pouvoirs publics de beaucoup de pays du Sud en syndicats imposés à leurs peuples, pour servir les intérêts occidentaux au détriment des intérêts nationaux. Si les ingrédients historiques, sociaux, culturels et cultuels étaient réunis pour l'avènement de l'islam politique en 1928 après avoir connu des mouvements réformateurs pendant près de deux siècles auparavant, il n'en demeure pas moins que les puissances occidentales en jonction avec des lobbies et des intérêts locaux dans certains pays musulmans sous domination coloniale ou protectorat, ont instrumenté les groupes islamistes, d'une part, pour faire pression sur les pouvoirs locaux récalcitrants et, d'autre part, pour faire face à la montée des mouvements de gauche et progressistes hostiles à l'Occident capitaliste. La destruction programmée des régimes nationalistes, même ceux qui s'inscrivaient dans des options libérales mais à forte connotation nationaliste, a favorisé le développement des régimes compradores et dont les politiques ont accéléré les ruptures avec les masses populaires en quête de directions politiques alternatives. C'est ainsi que le projet islamiste, instrument de l'Occident et du capitalisme débridé, s'est imposé comme un idéal et comme solution et a failli emporter des pays entiers. Les mouvements de gauche dans leur diversité n'ont jamais été une menace pour la paix ni pour la stabilité, mais leurs actions et leurs propagandes ont réussi à arracher au profit des travailleurs et au profit des pays colonisés et dominés des acquis inestimables et ce, depuis les années trente. La faiblesse, voire la disparition de la gauche et du syndicalisme combatif a laissé le champ libre aux capitalistes pour réduire les acquis des travailleurs et maintenir les pays du Sud dans un sous-développement chronique. A. G.