Photo : Riad De notre correspondant à Tizi-Ouzou Lakhdar Siad A chaque rentrée scolaire, l'actualité dans le secteur est dominée par les menaces et les appels à la grève des différents syndicats publics et autonomes qui paralysent à longueur d'année le déroulement des cours, pour exiger une énième satisfaction de leurs revendications connues de tout le monde et les répliques et réponses du ministre et de son secrétaire général qui noircissent les plus importantes pages de la presse locale. Ainsi, les doléances socioprofessionnelles et de statut des enseignants et autres catégories professionnelles du secteur font beaucoup d'ombre aux conditions de scolarisation, souvent très pénibles, des apprenants dont les parents demeurent les seuls défenseurs de leurs droits les plus élémentaires, quand bien évidemment ces parents, soucieux de la scolarité de leurs petits, se mettent à s'organiser en collectif. Sans oublier les problèmes particuliers nés de la gestion de la carrière des personnels de l'éducation de la wilaya de Tizi-Ouzou par la Direction de l'éducation locale qui font accentuer la pression sur les élèves et augmentent le nombre d'heures de débrayage par rapport à la moyenne dans les autres région du pays.En effet, dès l'entame de l'année scolaire 2011-2012, plusieurs syndicats autonomes, notamment le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) et l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef) avaient appelé à une grève illimitée à partir du 10 octobre dernier pour exiger encore une fois la révision du statut particulier, surtout en ce qui concerne le point du passage des professeurs du secondaire de la catégorie 13 à la catégorie 14 sur la grille des salaires après 10 ans d'expérience mais aussi une retraite après 25 ans de service. Ces revendications à répétition portées à l'attention de l'opinion publique, qui restent cependant justes et légitimes aux yeux de tous les concernés et des victimes de cette protestation, ne doivent pas détourner les divers syndicats et les parents d'élèves des difficultés que rencontrent les enfants depuis la maison jusqu'à leur sortie d'école. Des centaines de ces derniers ne sont pas transportés et parcourent à pied, tous les jours de la semaine, le trajet qui sépare l'école de leur domicile en été comme en hiver, et n'ont pas droit à la cantine scolaire, au chauffage, à une aire adéquate pour les activités sportives et éducatives, de salles pour les heures creuses, de préau pour se détendre, etc. La presse a rapporté par exemple le cas d'une école primaire d'une commune du sud de la wilaya de Tizi-Ouzou : ouverte au début des années 2000, cette école n'a pas été dotée d'une cantine scolaire, ce qui obligeait les enfants à faire cinq kilomètres environ pour rejoindre leur domicile et déjeuner et refaire ensuite le même trajet pour retourner à l'école. Faute de prévision des responsables locaux, le directeur de l'école agissant dans l'urgence et sous la pression des dizaines de parents d'élèves n'a pas trouvé mieux que de sacrifier et de modifier une salle de classe en cantine pour servir en fin de compte des repas froids aux élèves en attendant l'acquisition du matériel nécessaire à la cuisine. Aussi, les scènes d'enfants attendant, sous la pluie ou la neige et un vent glacial sinon sous un soleil de plomb en été, le passage en voiture d'une «connaissance» du village pour les déposer non loin de chez eux ou des grappes de chérubins se bousculant pour un taxi ou fourgon clandestins sont monnaie courante dans la majorité des cités kabyles et, plus dur encore, dans les zones déshéritées de la Kabylie. On ne parlera pas ici des incessantes coupures de courant électrique pendant les heures de cours et une fois arrivés à leur domicile, situation qui pénalise les enfants et leurs parents qui ont du mal à aider leur progéniture dans la révision des cours ou bien l'absence de chauffage pendant l'hiver en raison de l'inexistence du gaz de ville dont souffre un nombre très important d'établissements scolaires, tous paliers confondus. La liste est longue des aléas qui rendent dure la vie des petits écoliers dans les villes et villages kabyles frappés, par ailleurs, par le phénomène inquiétant de la dénatalité, le plus important à l'échelle du pays, qui s'est répercuté par la fermeture d'environ 50 écoles primaires depuis 2004 seulement.