Trente ans après les quatre attentats à Paris qui lui sont en partie attribués, Ilich Ramirez Sanchez comparaît depuis hier devant la Cour d'assises spéciale de Paris. Plus connue sous le nom de Carlos, Ramirez est ainsi jugé pour la deuxième fois en France. Mais c'est la première fois que celui qui dirigeait dans les années 1980 un groupe d'activistes d'extrême gauche est jugé pour des faits «en relation avec une entreprise terroriste». Une arrestation, 12 ans après les faits. Entre le premier attentat pour lequel Carlos est jugé aujourd'hui, soit en 1982 et son interpellation, douze années se sont écoulées. «Je suis révolutionnaire de profession» : Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, s'est ainsi présenté lundi devant la Cour d'assises spéciale de Paris où il est jugé pour quatre attentats qui, il y a près de 30 ans, ont fait en France 11 morts et quelque 150 blessés. Tantôt accoudé à la vitre du box, tantôt en discussion avec son escorte ou assis en toute décontraction, le Vénézuélien de 62 ans donnait l'impression d'être à la Cour d'assises comme d'autres sont au spectacle. Un indéfectible sourire aux lèvres, il semblait être le maître des lieux. Reconnaissant des soutiens au fond de la salle, il les a salués discrètement, brandissant le poing de la Révolution. Un mot sur «l'Etat raciste» d'Israël et les «sionistes exploiteurs» a soulevé une salve d'applaudissements. Dès le début du procès, les deux conseils de Carlos ont dénoncé «un procès inéquitable». Jugeant qu'ils ne pouvaient «se mettre en faillite» en défendant gratuitement Carlos, abandonné par le Venezuela, Mes Isabelle Coutant-Peyre et Francis Vuillemin ont déclaré qu'ils se retiraient du procès. Bien décidé à mener jusqu'au bout cette audience à risque, le président Olivier Leurent a immédiatement commis d'office les deux avocats, les contraignant à rester. Le Vénézuélien, recherché depuis les années 1970 par toutes les polices occidentales pour plusieurs séries d'attentats dont une à Paris en 1974, a réussi à semer les forces de l'ordre lancées à ses trousses en se déplaçant de pays en pays : de l'Algérie, en passant par la Libye, le Yémen ou encore le Liban. C'est finalement au Soudan qu'Ilich Ramirez Sanchez est interpellé le 14 août 1994, sur une table d'opération. Et dès le lendemain, Carlos est incarcéré en France.Malgré son arrestation, Carlos n'est pas jugé dans l'immédiat. La raison ? Les délais de procédure et surtout la lenteur de l'instruction : il a fallu treize années (1994 à 2007) au juge Jean-Louis Bruguière pour instruire le procès et réunir plusieurs preuves de la complicité d'Ilich Ramirez Sanchez dans les différentes attaques en France. Figurent, notamment, des documents des ex-services secrets de l'Est mais aussi une lettre portant les revendications du crime par une «Organisation de lutte armée arabe» et sur laquelle des experts disent avoir identifié l'écriture de l'activiste vénézuélien. Problème : l'original de ce document est introuvable. Carlos est accusé d'avoir organisé quatre attentats à la bombe : le premier le 29 mars 1982 contre le train Capitole Paris-Toulouse, qui avait fait 5 morts et 77 blessés, le deuxième le 22 avril 1982 rue Marbeuf à Paris, qui avait fait un mort et 63 blessés, et les troisième et quatrième attaques le 31 décembre 1983 dans le TGV près de Tain-l'Hermitage et à la gare Saint-Charles de Marseille qui avaient fait 5 morts et 50 blessés au total. R. I.