Résumé de la 8e partie n Le général Rondot rate deux occasions de mettre la main sur Carlos. Y arrivera-t-il à Khartoum ? Le 15 août 1994, près de vingt ans après le début de toute l'affaire, Ilitch Sanchez Ramirez est enlevé à Khartoum et ramené en France. Les conditions matérielles de son arrestation sont encore mal connues. Ce sont sans doute les services secrets français qui ont agi, avec l'accord et la protection des autorités soudanaises. Toujours est-il que, pour Carlos, l'heure de l'expiation a sonné. Le 12 décembre 1997, après quarante mois passés à l'isolement dans une cellule de la Santé, Ilitch Sanchez Ramirez comparaît devant la cour d'assises de Paris. Il ne répond que du triple meurtre de la rue Toullier. Les autres affaires sont encore en cours d'instruction, un nombre suffisant de preuves n'ayant pas encore été réuni contre lui. Quand il fait son apparition dans le box, le moins qu'on puisse dire, c'est que celui qui a tant semé la terreur autour de lui ne paye guère de mine. Il est grassouillet, il s'exprime avec un fort accent et d'une voix zézayante. Au moment de prendre place, il détaille les femmes du jury, se demandant sans doute si son charme va jouer sur elles. Au début, il se compose un rôle de provocateur. Après avoir décliné son identité et, comme le président lui demande sa profession, il répond : — Je suis un révolutionnaire internationaliste dans la tradition léniniste. Même chose concernant son domicile : — Un révolutionnaire internationaliste n'a pas de domicile. Après quoi, il récuse la compétence du tribunal, estimant qu'il a été enlevé illégalement au Soudan... Mais passés ces premiers éclats, il donne le plus souvent derrière des réponses évasives et les débats sombrent dans la monotonie. Il ne s'anime que lorsqu'un expert fait part de son point de vue sur un attentat : — Si quelqu'un peut parler avec autorité en matière d'attentat, c'est moi ! J'ai initié, préparé ou participé à nombre d'entre eux. J'ai plus d'expérience que vous tous ici en ce domaine. Dans ce domaine, effectivement, on ne peut que lui donner raison... Durant le procès, Magdalena Kopp, dans une interview au magazine allemand Stern, parle longuement de celui qui déclarait : «Seules les balles ont une signification.» Son jugement, quoique peut-être influencé par le fait d'avoir été délaissée, est sans appel : «Carlos ne se battait pour personne, rien que pour lui. C'était un mégalomane avide de pouvoir. Je serais contente de voir son mythe démoli.» Les jurés font preuve de la même fermeté. A l'issue des débats, le 24 décembre 1997, Ilitch Sanchez Ramirez est condamné à la prison à perpétuité, pour le triple meurtre de la rue Toullier. Il accueille la sentence par une exclamation en espagnol et en arabe : — Viva la revolución ! Allahou Akbar ! (Vive la révolution ! Dieu est grand !) Depuis, bien qu'il ait obtenu un non-lieu pour l'affaire du drugstore et les autres attentats, le parquet a fait appel, fin 2006, et il pourrait être jugé pour ces chefs d'accusation un jour ou l'autre. Mais là n'est pas l'important. Carlos est en prison et n'est pas près d'en sortir. Quant à son mythe, si tant est qu'il ait existé, ainsi que le souhaitait Magdalena Kopp, il est bel et bien démoli. Aujourd'hui, Carlos ne représente plus rien, à part un mauvais, un très mauvais souvenir.