Les débats à l'Assemblée populaire nationale ont démontré que les partis de l'alliance présidentielle ne sont pas sur la même longueur d'onde. Les uns amendent, les autres s'abstiennent, seul le RND, parti du Premier ministre, continue à soutenir les réformes dans la forme adoptée en Conseil des ministres.Dans une conjoncture marquée par l'approche des élections législatives, le parti d'Ahmed Ouyahia semble être bien seul à soutenir de manière indéfectible les réformes politiques du président Bouteflika. Lors d'une réunion avec les parlementaires de son parti, Ahmed Ouyahia a été intransigeant avec ses «camarades». Deux directives qui ne pouvaient être discutées ont été émises par le patron du RND : «Il faut soutenir à fond les réformes politiques par toutes les formes» et «pas d'amendement dans le fond». Une position que les députés du RND ont tenté de tenir jusqu'au vote conformément aux résolutions qui ont suivi leur réunion. Ainsi, à l'issue de leur réunion, les parlementaires du RND ont souligné «leur plein soutien» aux projets de loi adoptés le 12 septembre dernier en Conseil des ministres. Ils ont exprimé leur souhait d'enrichir ces projets de loi en vue de consacrer davantage de transparence en matière de processus électoral et d'activité des partis et des associations dans le respect des lois, de promouvoir le rôle de la femme dans les assemblées élues, tel que stipulé par la Constitution et le projet de loi y afférent, de promouvoir la liberté d'information et la diversité des médias dans le cadre des valeurs et constantes nationales. Cette position des parlementaires est conforme aux résolutions du conseil national du RND, tenu les 7 et 8 avril 2011, qui réitèrent le «soutien entier à S.E. M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République. Le Rassemblement qui adhère avec conviction au programme du chef de l'Etat rend hommage aux efforts que celui-ci déploie au service du pays, et salue les résultats qu'il a obtenus à travers le retour de la paix et de la stabilité ainsi que le retour progressif mais substantiel du développement économique et du progrès social». Mais les votes des députés du RND pourraient paraître en inadéquation avec les directives et orientations des instances dirigeantes du parti. Il n'en est rien ! Les députés du parti ont dû se sentir bien seuls. Leurs alliés du HMS et du FLN ont amendé, trituré les textes jusqu'à les vider de leur sens. Cette position des alliés risquait de provoquer un rejet des lois et par conséquent un désaveu du gouvernement et un revirement pour l'initiateur des réformes, à savoir le chef de l'Etat.Cette situation a poussé les députés du RND à accepter les différents amendements proposés par les différentes commissions. Leur vote, même sans conviction, a permis aux différentes lois de passer l'écueil de l'Assemblée, même si elles ne sont pas conformes aux vœux et orientations du Conseil des ministres.Cette manœuvre des députés du RND a permis de sauver, encore une fois, la majorité gouvernementale. La crise entre le législatif et l'exécutif est repoussée vers le Conseil de la nation. Et pour les Sages du Sénat, la majorité pourrait se constituer entre le RND et le tiers présidentiel, si le FLN, en crise, venait à faire défaut.Le vote du RND a permis d'éviter un désaveu du gouvernement Ouyahia au mieux et une dissolution de l'APN au pire. A. E.