Photo : M. Hacène Par Hassan Gherab Ils ont à peine appris à marcher que les enfants montrent déjà de l'intérêt pour les couleurs vives et les sons modulés. On peut voir leurs yeux briller et un sourire illuminer leur petite bouille quand maman leur chante une berceuse ou les mobiles au-dessus de leur lit diffusent une comptine, et leurs menottes se tendre quand ils voient un jouet bariolé. Plus âgés, ils adoreront les crayons de couleurs et barbouilleront à qui mieux mieux tout espace qui se présenterait. Sur le journal, les murs ou une feuille – l'idéal –, ils dessineront maison, papa, maman et pleins d'animaux refaçonnés par leur imagination. Ils en feront de même avec la pâte à modeler.Evidemment, les grands, après avoir poussés les hauts cris pour les gribouillages sur le mur ou la pâte à modeler incrustée dans le tapis, s'extasieront devant le «génie» de leurs diablotins. Ils trouveront même que les réalisations «artistiques» de leurs gosses sont remarquables – certains les garderont d'ailleurs jalousement au fond d'un tiroir, «pour les lui montrer quand il sera grand», disent-ils – et ils les exhiberont avec fierté en se promettant de faire suivre l'enfant pour lui permettre d'aiguiser son talent ou d'en découvrir d'autres. Mais les choses n'évoluent pas toujours comme on le voudrait. «Les vents ne soufflent pas toujours dans les directions que désirent les embarcations», dit fort justement un proverbe arabe. Sortis de la petite enfance, les marmots sont happés par le système éducatif. L'école prend ainsi le relais des parents. Dans les pays où l'environnement comme l'institution éducative accordent à la culture toute l'importance qu'elle a, une place est toujours aménagée et des opportunités sont offertes pour l'apprentissage aux arts. En plus des cours de musique, dessin, danse, théâtre, lecture dirigée inscrits aux programmes scolaires, des écoles, conservatoires et associations proposent des formations pour les enfants. Les parents n'ont que l'embarras du choix. La culture ne se met pas seulement à la portée des apprenants elle va carrément vers eux. En Algérie, les vents sont carrément contraires. Seuls quelques parents peuvent se permettre de payer des cours d'apprentissage aux arts à leurs enfants. A la cherté des équipements et/ou instruments s'ajoutent celle des cours et la rareté des écoles. Quant à l'école, elle a depuis longtemps tourné le dos à la culture qui en a donc fait autant avec les enfants. Ces derniers, abandonnés à leur sort, évoluent comme ils peuvent ou plutôt comme le veut l'environnement qui est dominé par le commercial, le fast-food culturel. Le produit final sera une génération n'ayant aucun repère ni référent artistique, des consommateurs incapables de détecter une mauvaise note ou un produit culturel de piètre facture… N'est-ce pas là la déculturation en marche ?