La manifestation autour du jeune algérien et de la question de la création de l'entreprise, qui se déroule en ce moment-même à Oran, repose, encore une fois, la problématique de la bureaucratie, des blocages administratifs - et leur corollaire, la corruption - et de leurs effets dévastateurs sur la vie économique du pays et sur la qualité des rapports, désormais dénués de confiance, que les Algériens entretiennent avec leur administration. S'il est inutile de revenir sur les stigmates (par ailleurs vérifiables tous les jours dans chacun des actes des citoyens) de ce phénomène sur la vie des Algériens, il est nécessaire d'en souligner - encore et encore - les dangers sur l'avenir d'un pays qui travaille à construire une économie saine, assise sur des bases solides et managée par des ressources humaines compétentes. Or, la catégorie jeunes qui constitue l'essentiel de ces ressources et le plus précieux des atouts, dont dispose l'Algérie pour parvenir à enfin redresser son économie vacillante, n'arrive pas à se lancer dans l'aventure, bloquée dans son élan par le chômage et des obstacles que, très souvent, rien ne justifie. Ni les textes, dont tout le monde, à quelques exceptions près, reconnait la pertinence et la justesse, ni les dispositifs mis en place pour soutenir l'initiative et la création d'entreprise (organes de soutien et d'accompagnement, banques,…). «Nous avons pu vérifier que lorsque la législation était observée et que les dispositifs fonctionnaient normalement, les résultats pouvaient être excellents», confirme l'Association des jeunes entrepreneurs, en donnant des exemples probants d'entreprises qui, nées il y seulement quelques années, ont réussi à se structurer dans le tissu industriel et même à coacher de nouveaux venus dans le monde de l'entreprise. Selon tous les concernés par la création d'entreprise, la bureaucratie et les blocages administratifs restent les principaux écueils, difficilement contournables (pour beaucoup impossibles à franchir), qui empêchent l'éclosion des nouvelles énergies. Résultat, des milliers de projets - dont certains portent des idées novatrices - croupissent dans les tiroirs poussiéreux d'obscurs bureaux, parce que le porteur du projet n'aurait pas été suffisamment compréhensif ou qu'il ne se serait pas plié aux usages en vigueur. Même les plus hautes autorités de l'Etat reconnaissent que la bureaucratie et la corruption constituent un frein à la création d'entreprise, et se sont engagées à lutter sans merci contre ces pratiques. Le ministre des PME/PMI l'a rappelé encore ce dimanche, à l'ouverture du Carrefour du jeune entrepreneur, que le gouvernement travaille à assainir le climat entourant la création et l'investissement. En attendant, malgré les chiffres officiels (50% des projets jeunes auraient réussi), les jeunes algériens continuent de lorgner vers l'étranger pour élargir des perspectives, que l'administration continue de réduire par des pratiques dignes d'un autre âge. S. O. A.