Les défaillances du secteur de la santé continuent à faire l'actualité. La gestion du ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, est de plus en plus contestée. Parallèlement, les décisions du gouvernement pour remédier à la situation se suivent. Après le lancement d'une enquête sur la pénurie de médicaments et les instructions du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, pour dessaisir Djamel Ould Abbès de ce dossier, d'autres mesures importantes viennent de tomber. Elles ont trait directement à la gestion financière des hôpitaux. Le gouvernement semble vouloir s'attaquer au nerf carrément puisque les structures sanitaires qui ont toujours été sous la tutelle de la Santé ne le sont plus, conformément à un décret exécutif publié au dernier Journal officiel. Désormais, tout ce qui est lié à la gestion financière de ces infrastructures ne dépend plus du département de Ould Abbès, mais de celui de Karim Djoudi, puisque les trésoreries des centres hospitalo-universitaires, des établissements publics hospitaliers et des établissements publics de santé de proximité sont sous la tutelle du directeur général de la comptabilité du ministère des Finances. Cette décision opère un changement important dans la gestion aussi sensible que celui de la santé où les scandales à répétition n'ont fait que nuire à son image. Les dysfonctionnements sont en effet à tous les niveaux, de la gestion du personnel à la prise en charge des malades en passant par la gestion du lourd dossier des médicaments où les pharmacies des hôpitaux en sont impliquées notamment en ce qui concerne la distribution des médicaments aux différents services, particulièrement pour la prise en charge des maladies lourdes. Les grandes difficultés rencontrées depuis quelques mois par les cancéreux, les diabétiques et les cardiaques, avec la raréfaction de certains médicaments, illustrent l'anarchie qui caractérise nos hôpitaux mais elles reflètent surtout la profondeur du mal qui range la santé. Un mal qui ne se limite pas uniquement à la gestion financière mais qui se propage comme un effet de contagion à travers toutes les structures de la Santé. Les grèves cycliques qu'observent les professionnels du secteur sont un autre témoin de ce malaise et de cette cacophonie sévissant dans ce secteur qui a vu défiler à sa tête plusieurs responsables depuis l'indépendance sans pour autant réussir à l'organiser, à le structurer et le mettre à l'abri des détournements et de la corruption. Car, il faut le reconnaître, au même titre que les autres départements, celui de la Santé n'échappe pas à ces pratiques dégradantes. Il en souffre profondément, pénalisant les malades et les condamnant parfois faute de prise en charge en bonne et due forme. Ce ne sont pourtant pas les orientations et les instructions qui manquent mais ce sont les bons managers… S. I.