Le match amical Algérie-Cameroun, qui devait avoir lieu hier, a été annulé à la suite du refus des joueurs de la sélection camerounaise de faire le déplacement en Algérie. Ce refus a été motivé par le non-paiement de leurs primes de présence qu'ils réclamaient. Et malgré la promesse qui leur a été faite du versement de ces primes avant leur entrée au stade face à l'Algérie, ils ont maintenu leur position et décidé de boycotter le match. Les athlètes camerounais sont coutumiers du boycott des compétitions internationales pour non-paiement de leurs primes. Mais de là à avoir cette attitude, il y a de quoi s'indigner, surtout quand ça vient de la part des coéquipiers de l'un des joueurs les mieux payés au monde, Samuel Eto'o en l'occurrence.Jusqu'à lundi dernier au soir (21h), l'équipe nationale camerounaise et son encadrement technique présents à Marrakech étaient en négociation pour trouver une issue favorable au conflit qui les opposaient pour le versement de 30 000 euros de primes impayées. Déjà, juste après la victoire sur le Maroc au traditionnel tournoi LG Cup remporté par les Lions indomptables, les prémices d'une grève des joueurs s'annonçaient. En signe de mécontentement, les joueurs ont boudé le repas du soir avec l'ensemble de la délégation et refusé de libérer l'hôtel. La raison de cette saute d'humeur : le non-paiement des primes de présence qui s'élèvent, selon des sources sûres, à 22 millions de francs CFA. Conséquences de ce mouvement d'humeur, le match amical qui devait se jouer hier face à l'Algérie a été annulé. On apprend que les responsables, tant du ministère que de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), ont avoué être incapables de régler cette enveloppe à cause des tensions de trésorerie. Après des heures de négociations avec les joueurs, aucune solution n'a pu être trouvée. Des sources ont indiqué que le ministre camerounais des Sports, Michel Zoah, depuis Yaoundé, aurait promis une enveloppe de 25 millions de francs CFA pour désamorcer la crise. Une démarche à laquelle se sont associés les Algériens qui ont promis, selon le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua, de payer 30 000 dollars (soit près de 15 millions de FCFA) aux joueurs dès leur arrivée à Alger. Suite à la fin de non-recevoir des joueurs camerounais et de leur délégation, M. Raouraoua a décidé de saisir la Fifa pour réparer le préjudice subi, au vu des frais engagés pour la préparation de ce match dont on peut citer l'avion affrété pour ramener d'Espagne la délégation camerounaise, les réservations d'hôtel, l'achat par des chaînes de télé des droits de retransmission et la vente des billets. Ces histoires d'argent ne datent pas d'aujourd'hui ; ceux qui connaissent cette équipe savent que ces problèmes d'indiscipline ne sont pas nouveaux, les Lions se rebellent souvent. Certains essaient souvent de calmer les esprits ou de minimiser les dégâts, mais le débat est toujours là et le sujet est toujours lié aux primes à percevoir. Quand Samuel Eto'o dit qu'il faut que les choses changent, on ne parle là que des problèmes de primes, que de l'argent à attribuer en cas de victoire. «Il faut que les gens soient responsables, ce n'est pas à quelques jours d'une rencontre qu'on doit nous dire qu'on n'a pas prévu de prime de présence. Ce n'est pas normal», dira Samuel Eto'o.En tant que grands joueurs professionnels représentant une grande nation de football, les Lions indomptables devraient avoir honte de ce comportement qui a terni l'image de marque du football africain, et qui cause de graves préjudices au public algérien et aux téléspectateurs qui attendaient cette rencontre de haut niveau. Il est tout de même aberrant de décider de boycotter un match de préparation à des joutes importantes comme la CAN 2013 ou le Mondial 2014. Pourtant, d'importantes sommes d'argent sont allouées au football, notamment aux Lions indomptables du Cameroun, alors que les autres disciplines peinent à avoir des budgets pour participer aux compétitions internationales. Il est arrivé souvent que les équipes camerounaises de basket, de handball, de volley-ball, d'athlétisme… ne participent pas aux grandes compétitions faute de primes et de moyens de déplacement. Déjà à Maputo, lors de Jeux africains, les athlètes avaient annoncé un mouvement de grève pour réclamer leurs primes. En réponse à ces revendications, le ministère des Sports a choisi de ne payer que les primes de participation. Chaque athlète a donc perçu 500 000 FCFA. Les athlètes et leurs encadreurs étaient d'autant plus courroucés qu'à leur retour de Maputo, le 19 septembre, le ministre les a rassurés en leur faisant savoir qu'une cérémonie serait organisée en leur honneur. Mais au lieu de cette réception, les athlètes et leurs encadreurs ont été livrés à eux-mêmes, sans aucune nouvelle, ni aucune information des dirigeants du ministère. «Une fois de plus, nous avons été traités comme des enfants. Il est quand même incorrect que nous soyons traités ainsi, car nous sommes des pères et mères de familles. Si une grève est nécessaire, ce n'est pas le plus difficile à faire», avait prévenu l'un des médaillés en boxe. M. G.