Cette réunion extraordinaire, à Rabat, survient alors que la Syrie connaît toujours une situation interne critique. La crise se militarise et prend des dimensions internationales inquiétantes. Les pressions sur Damas se font plus consistantes au fil des jours, depuis notamment la réunion de la Ligue arabe, samedi dernier. Les chefs de la diplomatie arabes de cette instance se retrouvent de nouveau pour discuter des mesures annoncées au Caire visant à sanctionner Damas. L'Organisation panarabe a suspendu le 12 novembre dernier la participation de la Syrie à ses réunions. Une décision extrême qui ouvre la voie à des scénarios extrêmement préoccupants dans la région. La Syrie, qui fait l'objet de pressions conjuguées, ne veut point lâcher du lest. Damas ne fait pas cas des remontrances de ses pairs arabes accusant l'organisation panarabe de faire le jeu de Washington et de certaines capitales occidentales anti-syriennes.La réunion de Rabat coïncide avec la visite du ministre turc des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, pour participer à un Forum de coopération turco-arabe. La Turquie, grande puissance frontalière de la Syrie, se montre déterminée à s'associer étroitement aux décisions arabes prônant un discours dur envers Damas. «Ceux qui ne sont pas en paix au Moyen-Orient avec leurs peuples et ne peuvent les satisfaire partiront», a souligné M. Davutoglu. La montée au créneau de la Ligue donne à la Turquie la couverture arabe qu'elle recherchait, estiment des spécialistes. Ankara pourrait éventuellement annoncer des mesures contre le gouvernement syrien dans le cadre de cette concertation. La Turquie a d'ailleurs décidé d'arrêter des explorations de pétrole menées conjointement avec la Syrie et menacé son voisin de lui couper l'électricité qu'elle lui fournit, après des attaques visant ses missions diplomatiques en Syrie. Ankara avait quasiment reconnu le Conseil national syrien (CNS), qui rassemble une partie de l'opposition. Le CNS a été formé au fil de plusieurs réunions sur le sol turc.Les deux puissances, la Russie et la Chine, bloquent toujours toute action contre la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU. Le précédent libyen plane toujours sur la crise syrienne. Moscou et Damas sont aussi liés par un traité de défense. D'un autre côté, le roi Abdallah II de Jordanie, pays frontalier de la Syrie, a appelé le président Assad à «quitter le pouvoir».Après ces déclarations inattendues, une centaine de personnes ont manifesté devant l'ambassade de Jordanie à Damas. Plusieurs ambassades arabes, turques et occidentales avaient été endommagées par des manifestants après la décision arabe de suspendre la Syrie. Le ministre syrien des affaires étrangères, Walid Mouallem, a dû présenter les excuses de son pays. M. B./Agences