Le gouvernement koweïtien, dont le limogeage était réclamé par l'opposition pour une affaire de corruption, a présenté sa démission peu avant une manifestation pour réclamer le départ du Premier ministre. L'appel à manifester contre la corruption dans les cercles du pouvoir et la gestion passée du Premier ministre, cheikh Nasser Mohammed al-Ahmad al-Sabah, un membre éminent de la famille régnante, a été maintenu malgré l'annonce de la démission du gouvernement. Des députés avaient demandé à interroger le Premier ministre sur des allégations de corruption. «Le gouvernement a présenté sa démission, laquelle a été acceptée par l'émir», cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, a déclaré le député de l'opposition islamiste, Khaled al-Sultan. Ces développements sont intervenus après une réunion d'urgence du Conseil des ministres, présidée par l'émir et consacrée à la crise dans le pays. La situation s'est tendue dans ce riche émirat pétrolier, membre de l'OPEP, lorsque des députés de l'opposition ont lancé une campagne pour réclamer la démission de cheikh Nasser et dénoncer les arrestations et les mesures prises à l'encontre de militants. Le procureur général a prolongé la garde à vue de 24 opposants, accusés d'avoir attaqué le siège du Parlement, le 16 novembre. La garde à vue des 24 militants, dont une vingtaine sont en grève de la faim depuis vendredi, a été prolongée de trois semaines, tandis que sept ont été libérés sous caution, avait indiqué dimanche leur avocat, Al-Humaidi al-Subaie. Des centaines de militants ont participé à cette prise d'assaut, après des affrontements avec la police anti-émeute intervenue pour disperser une importante manifestation. L'émir avait qualifié la prise d'assaut du Parlement de «journée noire» pour le riche émirat pétrolier du nord du Golfe. Parmi les militants placés en garde à vue figurent des chefs de petites formations de jeunes appelant à une monarchie constitutionnelle, ainsi que des universitaires, des médecins, des écrivains et plusieurs députés de l'opposition qui ont envahi le siège du Parlement. Toutes les composantes de l'opposition -libéraux, islamistes et nationalistes-, une vingtaine de groupes d'étudiants et de jeunes et, pour la première fois, des chefs tribaux ont appelé à participer à la manifestation. L'opposition mène campagne pour le limogeage du Premier ministre et la dissolution du Parlement à la suite d'un scandale de corruption impliquant une quinzaine de députés. Elle accuse également cheikh Nasser, un membre éminent de la famille régnante des Al-Sabah, d'avoir transféré des millions de dollars de fonds publics sur ses comptes bancaires à l'étranger. Le gouvernement a catégoriquement nié ces accusations. Cheikh Nasser, 71 ans, un neveu de l'émir, a été nommé à la tête du gouvernement en février 2006 et, depuis, il a démissionné six fois sur fond de conflits avec le Parlement. La Chambre a été également dissoute à trois reprises dans ce pays frappé par des crises politiques à répétition. R. I.