Avec 6 427 kilomètres de frontières terrestres se répartissant entre sept pays voisins, y compris le Sahara occidental, l'Algérie est confrontée plus que jamais à la difficile question de leur sécurisation. Outre le risque militaire, la multiplication des menaces liées à la criminalité, à la contrebande, à l'immigration clandestine, au trafic de stupéfiants et au terrorisme rend encore plus malaisée leur surveillance. S'il n'existe nulle part des frontières totalement hermétiques, il existe cependant des possibilités technologiques permettant de réduire leur degré de porosité. Avec 1 643 kilomètres, 150 postes frontaliers accessibles sur une distance de 1 540 kilomètres, la frontière avec le Maroc, la plus longue de toutes, est celle qui pose le plus de problèmes. Les confins territoriaux avec le voisin de l'Ouest connaissent une forte densité et des échanges intenses. S'y ajoute le fait que le Maroc soit un pays de repli pour des réseaux de soutien terroriste et un lieu de passage pour immigrants illégaux en quête d'entrée dans les territoires de l'Union européenne (UE). Cette frontière est ainsi un laboratoire à ciel ouvert pour l'observation et la gestion de toutes les formes de crime organisé, d'immigration clandestine, de trafics en tous genres et du terrorisme transfrontière. Pour y faire face, les pouvoirs publics ont mis en place un réseau de surveillance électronique tout le long des frontières terrestres. En novembre 2006, un tronçon de 100 kilomètres sur les frontières ouest est déjà couvert. Il s'agit de l'installation de capteurs, notamment de type thermique, de radars et de caméras. A terme, c'est-à-dire à l'horizon 2010, la Gendarmerie nationale et les gardes-frontières disposeront d'un réseau unifié national d'informations et de télécommunications, baptisé RUNITEL, auxquels seront reliés toutes les brigades de gendarmes et tous les postes de gardes-frontières. Il était temps. En se résolvant à se doter enfin d'un système de surveillance électronique de ses frontières, l'Algérie n'y a accompli rien qui soit révolutionnaire. Il s'agit tout simplement d'une simple mise à niveau sécuritaire à une époque où les menaces sont multiples et le risque criminel transfrontière. Le risque zéro et les sanctuaires parfaits n'existent pas. Il s'agit alors pour nous Algériens, du passage à une phase de gestion qualitative du risque frontière après les différentes étapes de délimitation des lignes de séparation avec les pays voisins. Voici venu donc, après les étapes de démarcation et d'abornement des frontières, le temps de la sécurisation technologique. Ce processus implique l'existence de capteurs électromagnétiques, électro-optiques, des systèmes intelligents de signaux, d'images et de communication, ainsi que des radars en réseaux. Ces équipements peuvent être intégrés dans des installations fixes ou mobiles (avions, hélicoptères, drones ou autres plates-formes). D'autres pays se sont déjà attelés à la mise en place de systèmes globaux de surveillance. Par exemple, la Russie de Poutine. Cet Etat possède depuis 2003 un Service fédéral de surveillance des frontières sous la coupe du FSB, héritier du KGB. Quant à l'UE, elle dispose notamment d'un instrument communautaire, l'EUROSUR, système intégré de surveillance des frontières. Son objectif : améliorer notamment la connaissance de la situation aux frontières extérieures des Etats membres et augmenter la capacité de réaction de leurs services de renseignements et de contrôle des frontières. N. K.