Photo :S. Zoheir Par Bahia Aliouche La clé de la réussite des petites et moyennes entreprises (PME) repose sur l'amélioration de leur compétitivité sur les marchés internationaux.Afin de promouvoir la compétitivité des PME algériennes et se préparer à l'établissement d'une zone de libre-échange (ZLE) avec l'Union européenne à l'horizon 2017, les pouvoirs publics ont mis en oeuvre une multitude de programmes de mise à niveau dont certains ont pris fin et d'autres sont en cours d'élaboration.En effet, en septembre 1998, l'Onudi (Organisation des Nations unies pour le développement industriel), en collaboration avec le ministère de l'Industrie et de la Restructuration, a élaboré un programme intégré (PI) pour l'amélioration de la compétitivité et l'appui à la restructuration industrielle en Algérie. Approuvé et démarré en décembre 1998, le PI comprenait cinq composantes, parmi elles : le programme pilote d'appui à la restructuration, la mise à niveau et l'amélioration de 48 entreprises algériennes.Au moment du lancement du programme, la démarche de mise à niveau était nouvelle en Algérie, d'où l'idée de mener des actions pilotes de mise à niveau. Il s'agissait de créer des modèles pouvant inspirer d'autres entreprises et, dans une perspective de test, de tenter une approche et de l'adapter sur la base des expériences réalisées. Le bilan qui couvre la période allant de janvier 2002 à décembre 2006 est, selon les spécialistes du secteur, «bien maigre». En effet, sur 1000 entreprises prévues à mettre à niveau, seules 137 ont finalisé leur plan de mise à niveau. Le programme d'appui au développement des PME/PMI privées (MEDA I) Cofinancé par la Commission européenne et par le ministère de la PME et de l'Artisanat (MPMEA), dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen, à hauteur respectivement de 57 millions d'euros et de 3,4 millions d'euros, le MEDA I a démarré en juillet 2002 et s'est achevé en décembre 2007. Suite en page 8 L'objectif étant d'améliorer significativement la compétitivité des PME algériennes en s'alignant sur les standards internationaux d'organisation et de gestion. Pour atteindre ces objectifs et mettre en oeuvre les activités prévues, une équipe d'experts a été recrutée pour gérer les trois volets du programme, à savoir: l'appui direct aux PME, l'assistance aux institutions financières et aux banques qui interviennent sur les PME et, enfin, le soutien aux structures intermédiaires et aux services d'appui publics et privés. Dans le cadre de ce programme, trois catégories de PME ont été identifiées. Il s'agit des PME en situation de passivité ou de survie, celles en situation de croissance et celles en situation de compétitivité. En termes de résultats, le programme a permis la mise à niveau de 445 PME privées. Le programme national de mise à niveau de la PME algérienne Ce programme vient en complémentarité et en continuité aux dispositifs de mise à niveau déjà existants. Officiellement, le programme national de mise à niveau de la PME algérienne a été lancé en février 2007 pour une période de six ans, avec comme objectif principal la mise à niveau de 6 000 PME.Une enveloppe d'un milliard de dinars par an est consacrée pour son exécution. Pour le pilotage de ce programme, l'Etat a promulgué la création de l'Agence nationale de développement de la PME (ANDPME).Ce programme vise à accompagner les PME dans le processus de mise à niveau ainsi qu'au développement des capacités des associations et des organisations professionnelles pour une meilleure compréhension et une meilleure assimilation du concept de mise à niveau. Le programme s'articule autour de plusieurs axes, à savoir des actions sectorielles (analyse par branche d'activité), des actions régionales (identification des mesures par wilaya prioritaire), des actions de mise à niveau de l'environnement institutionnel de la PME et les structures d'appui à la PME et, enfin, des actions au profit de la PME. Selon les spécialistes du secteur, seules 63 PME ont pu bénéficier d'une réelle mise à niveau. Le programme d'appui aux PME/PMI et à la maîtrise des technologies d'information et de communication (PME II) En mars 2009, un nouveau programme d'appui aux PME a été signé entre le ministère de la PME et de l'Artisanat et la Commission européenne. Poursuivant les activités déjà entamées dans le programme (MEDA I), le PME II est destiné aux petites et moyennes entreprises spécialisées dans les services et l'artisanat. Ce programme, signalent ses initiateurs, n'a pas la même vocation que le programme national de mise à niveau. II touchera 200 entreprises d'ici 2013 avec un appui au niveau des compétences et optimisation des processus et modernisation de l'outil de production, avec la condition que l'entreprise ne devra pas être en difficulté financière structurelle. Il s'intéresse aux entreprises à potentiel d'exportation.
Second programme national de mise à niveau Validé lors du Conseil des ministres en juillet 2010 et lancé en janvier 2011, le second programme national de mise à niveau est doté de 360 milliards de dinars. L'ANDPME (Agence nationale de développement de la petite et moyenne entreprise) a à sa charge 20 000 entreprises à mettre à niveau d'ici à l'horizon 2014. L'objectif étant de créer 3 millions d'emplois. Ce programme porte sur l'innovation et le développement des ressources humaines. Il touche plusieurs secteurs, à savoir l'industrie et les services, le BTPH, la pêche, le tourisme et l'hôtellerie ainsi que les transports.Il est destiné aux entreprises âgées de 2 ans et employant 10 personnes au moins. L'actuel programme comprend également l'accompagnement pour la certification. Les entreprises ont deux années pour préparer leur plan de mise à niveau et peuvent bénéficier d'un délai supplémentaire de 6 mois pour le présenter.Néanmoins, en dépit de la diversité des programmes de mise à niveau engagés, les résultats attendus, en termes de nombre d'entreprises mises à niveau, demeurent, selon les spécialistes du secteur, «faibles». Cette faiblesse est aggravée par le fait qu'une mise à niveau est indispensable pour la majeure partie des PME algériennes qui, selon Hocine Amer Yahia, consultant et ex-DG de l'industrie: «doivent être en veille permanente».Aussi, la mise à niveau des PME algériennes, selon ces spécialistes, n'a pas été engagée avec beaucoup de conviction et est conduite de façon un peu désordonnée et par plusieurs acteurs. Il faudrait, donc, avoir une démarche consensuelle et mettre en place des programmes unifiés, ou plutôt, un seul programme unifié pour avoir de véritables résultats.De ce fait, ces spécialistes suggèrent d'initier de nouvelles actions, et ce, afin d'amener davantage d'entreprises à se mettre à niveau et atteindre, ainsi, un certain degré de compétitivité qui leur permettra de se préparer à l'établissement de la ZLE avec l'Union européenne.