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La région assiste muette au dépérissement de l'oléiculture
agriculture en souffrance en Kabylie
Publié dans La Tribune le 05 - 12 - 2011

De notre correspondant à Tizi Ouzou
Lakhdar Siad
L'arboriculture est en déclin en Kabylie. C'est la dégringolade même. C'est une certitude que même les pouvoirs publics ne peuvent pas occulter et dont les représentants dans toutes les sphères de décision sont les responsables directs de cette situation chaotique qui résume le désintérêt du secteur de l'agriculture dans le pays. La place de l'olivier, arbre millénaire, symbole de fécondité et de paix dans le pourtour méditerranéen, et son fruit, l'huile, recherchée pour ses nombreux bienfaits à travers la planète, en est l'exemple des conséquences de cette politique agraire infructueuse suivie depuis des décennies et à laquelle la tutelle n'a aucune intention d'y remédier jusqu'à présent.Chaque année, à la saison des cueillettes, on ne cesse de ressasser les causes de cette régression qui affecte la région de Kabylie, imputant cette déroute aux fellahs en premier lieu avant d'accabler la nature et d'autres paramètres de circonstances. Même si certains de ces prétextes sont plus ou moins valides, il n'en demeure pas moins qu'il ne suffit pas d'énumérer les «contraintes» pour s'en laver les mains ou bien pour cacher d'autres raisons qui font que l'arboriculture et plus particulièrement l'oléiculture patinent en Kabylie pour ne pas dire qu'ils se meurent. Souvent, si ce n'est pas toujours, il est important d'écouter d'autres sons de cloche pour bien rendre compte de la réalité. Parmi ces voix, on pourrait se délecter d'une contribution à une réunion politique de M. Rachid Oulebsir, écrivain, essayiste, chercheur en culture populaire, diplômé d'études approfondies en économie politique des universités Paris-13 Villetaneuse et Paris-1 Panthéon Sorbonne (1978). L'auteur commence son idée par la symbolique de «Tazemmourt» (l'olivier), «l'une des armoiries du blason identitaire de la Kabylie, à ce titre il symbolise les valeurs du montagnard kabyle faites d'endurance, de fidélité, d'hospitalité, de générosité, de solidarité et d'éternelle résistance. De par sa rusticité, l'olivier est l'arbre adapté au climat capricieux et au relief difficile de la montagne kabyle. Aussi constitue-t-il, depuis la nuit des temps, la principale richesse agricole de la région», écrit-il en guise d'introduction. Il donne ensuite un aperçu sur le volume du verger concerné, qui semble faible par rapport au voisin tunisien et très loin encore de ceux des autres pays des deux rives de la Méditerranée. De nos jours, poursuit-il, sur les 20 millions d'oliviers constituant le verger algérien, 12 millions sont cultivés en Kabylie : Béjaïa : 5 millions, Tizi Ouzou : 3,5 millions, Bouira : 1.5 million, Bordj Bou Arréridj et Sétif avec 1 million chacune. Avant de relativiser avec deux observations de taille. «Ces chiffres, importants dans l'absolu, doivent être relativisés à deux niveaux, à savoir, primo, le verger oléicole n'a pas évolué depuis l'indépendance ! Nous avions le même verger en 1962 ! Aucune plantation nouvelle de cette culture stratégique n'a été enregistrée depuis l'indépendance. Bien au contraire, les milliers d'arbres emportés par les incendies et le vieillissement n'ont pas été remplacés. Ce n'est que durant la dernière décennie que les paysans de Kabylie ont repris en main l'oléiculture malgré la perte des savoir-faire et des conduites culturales ancestrales». Secundo, M. Rachid Oulebsir fait remarquer «l'importance relative de cette richesse naturelle. A titre comparatif, la Tunisie possède un verger estimé à 55 millions d'oliviers, le Maroc à 40 millions d'arbres alors que la Grèce dont la surface est comparable à celle de la Kabylie cultive plus de 70 millions d'oliviers ! Nous sommes donc très loin de
nos voisins, et sans aucune commune mesure avec les gros producteurs d'olives et d'huile d'olive que sont l'Espagne avec plus de 250 millions d'oliviers, l'Italie et ses 200 millions d'arbres», insiste-t-il.
Le savoir-faire, première condition de la relance de l'oléiculture
Il estime en définitive que la situation de l'olivier en Kabylie n'est pas florissante comparée à celle de la Tunisie, de la Grèce ou du Maroc et que «la quantité d'olives récoltée annuellement ne cesse de diminuer rapportée à la population, tandis que le savoir-faire se perd à grande vitesse et que la qualité de l'huile laisse à désirer en regard des paramètres et des standards du marché mondial. La leçon à tirer de ce déclin est qu'en l'état actuel des choses, la population de Kabylie ne peut vivre des seuls revenus de l'oléiculture. La sauvegarde des savoir-faire en matière d'oléiculture constitue la première condition de la relance urgente de cette noble profession», préconise-t-il avant de revenir sur l'historique des causes de ce déclin prédit par les actes successifs et mesurés des partisans du déracinement des populations autochtones locales dans le pays. Le chercheur cite d'abord l'opération de nationalisation de l'activité d'exportation dès 1964 et l'exclusion ainsi de fait des oléifacteurs du marché mondial, espace où la Kabylie avait conquis ses lettres de noblesse (médaille à l'exposition universelle de Bruxelles en 1910 pour l'huile de la Soummam, multiples distinctions dans les nombreuses foires agricoles de Paris durant l'époque coloniale). «L'Etat étant le seul acheteur, il fixait le prix qu'il voulait et faisait des marges substantielles sur le dos des producteurs qu'il était censé protéger !», souligne-t-il rappelant les taxes excessives imposées à l'époque pour le transport et la commercialisation de l'huile d'olive dans le pays. Sans omettre de mettre en exergue les conséquences directes induites par cette paupérisation programmée des populations de montagnes de Kabylie poussées vers les grandes villes d'Algérie instaurant un exode d'office. Ceci a engendré naturellement la perte du métier et du savoir-faire emportés par les nouveaux citadins. Un savoir que pouvait transmettre les centres de formation professionnelle de la région si le métier d'oléifacteurs était enseigné aux stagiaires. L'absence de cette spécialité dans la multitude des centres de formation spécialisés de la région a toujours été décriée par des observateurs et des conférenciers lors de rencontres collectives tenues ces derniers mois dans la wilaya de Tizi Ouzou. L'introduction en force durant les années 2000 de moulins automatisés serait aussi un coup dur pour les oléifacteurs habitués au rythme de leurs moulins traditionnels et jouant négativement un rôle sur le coût de production cassé par la vitesse des machines modernes. «L'importation de l'huile d'olive de Tunisie vint compléter cette mise à mort voulue de l'oléiculture de Kabylie», tranche M. Rachid Oulebsir. Ce tableau plein de vérités qui devraient faire mal à tous les niveaux de responsabilité est consolidé par les chiffres annuels qu'avouent cadres de l'agriculture en Kabylie et à l'échelle du ministère de tutelle.
Les pluies de juin et juillet derniers ont causé des dégâts
Pour cette année 2011, la production oléicole prévisionnelle dans la wilaya de Tizi Ouzou n'est guère satisfaisante. Elle ne dépasserait pas les 200 000 quintaux, selon des estimations de la Direction des services agricoles (DSA) qui prévoit «moins du quart de la production réalisée l'année dernière, qui avait atteint 821 760 quintaux», selon les dires d'un responsable à la DAS rapportés la semaine dernière par l'agence de presse publique. Qualifiant de «drastique» la production oléicole prévisionnelle en cours, il table sur une moyenne de 7 quintaux d'olives à l'hectare contre 29 quintaux engrangés à l'hectare durant la campagne précédente, selon la même source. Une jauge d'huile de pas moins de 14 400 000 litres avait été obtenue lors de la saison oléicole écoulée, alors que le volume escompté pour cette année n'est que de 3 600 000 litres, précise-t-on au sein de la Société de l'organisation de la production et de l'appui technique (Sopat). Parmi les raisons de cette baisse considérable de la production, l'on cite la chute des fleurs causée par les pluies de mai et juin derniers, le gaulage des olives (mode de cueillette à l'aide d'une longue perche) destructeur des pousses appelées à fructifier l'année d'après, le cycle physiologique de l'arbre alternant la production du bois et celle des boutons floraux, le manque d'entretien des vergers oléicoles concernant notamment les opérations de fertilisation, de taille et de labours. La DSA, pour optimiser le taux d'extraction, recommande aux oléiculteurs de «procéder à la récolte dès que la couleur de l'olive tourne au violet, période de véraison intervenant à la mi-novembre» qui a estimé qu'«il n'y a rien de plus faux que de croire qu'on obtient plus d'huile en retardant la cueillette jusqu'à la pleine maturation de l'olive, c'est-à-dire quand celle-ci prend la couleur noire». Afin d'obtenir une huile de qualité par l'amélioration des conditions de collecte des olives, la même source a requis, entre autres, la nécessité de doter les huileries de caissons en plastique qu'ils mettront à la disposition de leurs clients (oléiculteurs) pour les besoins de conditionnement et de transport des récoltes. «Cette tâche est effectuée actuellement dans des sacs de jute, un procédé qui favorise la fermentation des fruits et provoque l'acidité de l'huile», rapporte-t-on de la même direction. On rappelle que la wilaya de Tizi Ouzou, dont les vergers s'étalent sur plus de 33 000 ha, dispose d'un parc de 464 huileries, dont 91 de type moderne, acquises avec une subvention étatique de 4 millions de DA par le biais du Fonds national du développement de l'investissement agricole (FNDIA). Mais la réalité est plus que têtue ; ce n'est pas avec un tamis qu'on peut cacher le soleil, dit-on justement du coté de la Kabylie.


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