Le prince saoudien Turki al-Fayçal, un influent membre de la famille régnante, a évoqué hier la possibilité pour l'Arabie saoudite de se doter de l'arme nucléaire. «Tous nos efforts et ceux du monde ayant échoué à convaincre Israël de renoncer à ses armes de destruction massive mais aussi l'Iran, il est de notre devoir à l'égard de nos peuples d'envisager toutes les options possibles, y compris l'acquisition de ces armes», a déclaré le prince Turki, ancien chef du renseignement saoudien, lors d'un forum sur la conjoncture régionale à Ryad. «Une catastrophe touchant l'un de nous s'abattra sur nous tous», a prévenu le prince, en référence aux effets dévastateurs d'une course régionale à l'arme nucléaire. Le Royaume saoudien, qui redoute une dimension militaire du programme nucléaire de l'Iran et qui dénonce constamment la puissance d'Israël en la matière, a multiplié les démarches pour développer l'énergie nucléaire, officiellement à «usage pacifique». En juin, un coordinateur de l'organisme saoudien du nucléaire civil, Abdel Ghani Malibari, cité par la presse locale, avait annoncé que Ryad entendait construire 16 réacteurs nucléaires civils dans les 20 prochaines années pour un coût de quelque 80 milliards de dollars. Cette déclaration faite par un membre de la famille régnante n'est pas fortuite. Elle constitue, en filigrane, un soutien plus que manifeste à l'Occident pour qu'il dépasse la guerre médiatique et économique, et passe aux actes. La référence à Israël est destinée à la consommation interne, car, jusque-là, c'est Israël qui menace par son terrorisme d'Etat la stabilité régionale, alors que Téhéran, au-delà de la question de son programme nucléaire, n'a jamais agressé un pays voisin ou autres. En fait, l'Arabie saoudite redoute l'influence chiite dans la région, notamment à Bahreïn, où une bombe a explosé mercredi dernier près de l'ambassade de la Grande-Bretagne, à Manama, en signe de soutien à l'Iran. A. G.