Devant les participants au «Dialogue de Manama», le chef de la diplomatie koweïtienne a présenté le programme nucléaire iranien comme une menace pour les monarchies du CCG. La politique régionale de l'Iran a dominé un débat organisé à Bahreïn à l'occasion de la 6e édition du «Dialogue de Manama», un forum sur la sécurité dans le Golfe auquel participent notamment l'Iran, l'Irak, le Pakistan, l'Afghanistan et les Etats-Unis. «Il y a une guerre d'idées traduites en opérations militaires en Irak, à Saada et dans le sud du Liban (...). Les indices pointent vers un soutien iranien aux différents mouvements» impliqués dans ces conflits, a déclaré Mamoun Fandy, représentant au Moyen-Orient de l'Institut international des études stratégiques (IISS). M.Fandy, qui s'exprimait lors d'une table ronde organisée vendredi soir par la télévision satellitaire saoudienne Al-Arabiya en marge du «Dialogue de Manama», un forum que l'IISS tient chaque année à Bahreïn, évoquait les principaux points chauds au Moyen-Orient où l'influence de l'Iran est dénoncée, y compris à Saada, fief de la rébellion zaïdite, en guerre contre l'armée au Yémen. Le ministre koweïtien des Affaires étrangères, cheikh Mohammed Sabah al-Salem al-Sabah, s'en est implicitement pris à l'Iran en critiquant «ceux qui appellent à l'insurrection contre les régimes et au renversement des gouvernements». Devant les participants au «Dialogue de Manama», Cheikh Mohammed a présenté le programme nucléaire iranien controversé comme une menace pour les monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Intervenant dans le débat télévisé, un ancien diplomate iranien, Hamid Ridaq Dahqani, a nié toute implication de son pays dans la guerre au Yémen, dénoncée à Sanaa, affirmant qu'il était «impossible» pour l'Iran d'envoyer des armes aux rebelles zaïdites, de confession chiite. Pour y parvenir, «les armes doivent passer par l'Arabie saoudite ou par Sanaa, ce qui est impossible», a-t-il dit. Il a appelé à la fin du conflit au Yémen et ailleurs dans la région pour se focaliser sur le conflit du Proche-Orient. «Nous avons un ennemi commun: c'est l'entité sioniste», a-t-il dit. Le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki a pris part hier aux débats à huis clos du «Dialogue de Manama». Ses homologues irakien Hoshyar Zebari et du Pakistan, Makhdoum Shah Mahmoud Qureshi, figurent parmi les invités du forum au même titre que le général David Petreaus, commandant des forces américaines en Irak et en Afghanistan. Au Yémen, «la guerre a été imposée conformément à un agenda étranger», a déclaré le directeur de l'Agence de la sécurité nationale et chef du cabinet présidentiel yéménite, le général Ali Mohammed al-Anisi, dont le pays accuse officiellement «des parties», et non le gouvernement en Iran de soutenir les rebelles zaïdites, connus aussi comme des «Houthis». «Les capacités militaires (de ces rebelles) et leur formation montrent qu'il y a une intervention étrangère», a jugé pour sa part le ministre bahreïni des Affaires étrangères, cheikh Khaled Ben Ahmed Al-Khalifa. «Plusieurs de nos amis et partenaires dans la région nous ont parlé de soutien étranger aux Houthis (...). Mais nous n'avons pas d'informations indépendantes», a dit le secrétaire d'Etat américain adjoint pour le affaires du Proche-Orient, Jeffrey Feltman. «Aujourd'hui, il n'y a d'autre solution» que de poursuivre la guerre pour mettre fin au conflit armé avec les Houthis qui dure depuis 2004, a averti M.Anisi. Ce conflit, qui a éclaté de nouveau le 11 août, s'est élargi à l'Arabie saoudite, dont l'armée est intervenue après la mort le 3 novembre d'un de ses garde-frontières tué par des rebelles yéménites infiltrés dans le royaume.