Photo : Sahel Par Farah Bachir-Cherif C'est dans une soirée très rythmée à la salle Ibn Zeydoun que se sont produits Kwal et ses musiciens. De son vrai nom Vincent Loiseau, Kwal est entré sur scène à 19h20 avec ses musiciens, Anne Berry, Fred Pradel (alto), Daniel Trutet (violoncelle), Anne-Laure Bourget (percussions) et aux platines DJ Achaiss. Pour accueillir les spectateurs, il a interprété le titre Bienvenus dans mon univers où il raconte tout simplement son monde, celui de Kwal. Il a enchaîné avec l'une de ses nouvelles chansons, Elle, qui est un duo avec la chanteuse Asa d'origine nigérienne. La salle Ibn Zeydoun était pleine de bon monde, les gens applaudissaient Kwal, ils écoutaient attentivement ses paroles. Cet artiste engagé est un poète des temps modernes, il livre des textes d'une intelligence rare et fondés sur des faits réels. Pour adoucir un peu l'ambiance, il a interprété Chez Lucien, une ballade qui raconte une petite histoire de bar, accompagnée d'une guitare et d'un violon. Le décor de la scène était un rideau noir comme fond avec des jeux de lumière l'illuminant. Echauffement de la salle, d'ailleurs avec un titre qui porte bien son nom Réchauffer cette place, et suivi de la chanson Peuple palestinien. Dans ce morceau, les refrains étaient en arabe et même Kwal a lancé une phrase dans cette langue en s'excusant de son accent et a demandé à son public de faire des youyous. Pendant cette soirée, le public était dans un monde partagé entre l'Orient et l'Afrique, surtout au moment où il a chanté Tounga Tounga ka Guêlê (l'exil, c'est difficile), une chanson qui parle de l'exil et qu'il a dédiée aussi à tous les Algériens exilés en France. De l'atmosphère de joie, il est passé à un moment de tristesse quand il a interprété une chanson dédiée à la mémoire de sa maman. Le chanteur était seul sur scène, les yeux fermés, sans aucun instrument ; dans le silence, des paroles qui vont au cœur ; certains avaient les larmes aux yeux et le chanteur aussi. Puis, il a enchaîné avec d'autres titres tels que Un bout de route, une chanson qui parle d'amour et d'autres comme Reviens, Tapage nocturne, Loin, très loin. Arrivé à la fin, il a demandé au public de se lever et de danser et a augmenté la pression en les faisant répéter avec lui ce couplet : «Danser, chanter jusqu'à pas d'heure pour aller faire tomber les murs.» Les youyous résonnaient dans toute la salle et la derbouka aussi. Vincent Loiseau est né en 1978 à Angers (en France). Il a pris des cours de solfège et de violon dès son jeune âge au conservatoire national de la région d'Angers. Il est auteur-compositeur de ses morceaux. C'est un touche-à-tout. Kwal est passionné de cultures et des rencontres humaines. Il aime aussi voyager et découvrir différentes cultures et a parcouru le Japon, l'Inde, le Mali en passant par le Moyen-Orient. Sa curiosité de vouloir découvrir imprègne sa musique qui est ouverte sur le monde. L'importance des paroles dans la musique de Kwal est fondée sur des thèmes et des faits réels. Proche de la scène rap dite «du monde», Kwal est très sensible au combat souvent avant-gardiste des rappeurs ; d'ailleurs, il est en connexion avec des rappeurs du monde entier et partage souvent la scène avec des artistes africains, brésiliens ou palestiniens. Kwal a déjà plusieurs albums à son palmarès, dont Totuko, 2000, Règlements de Contes, 2002, Mogo Ya, et Là où j'habite. F. B.-C. Entretien express avec Kwal : «J'ai tout simplement honte de mon pays.» LA TRIBUNE : Quel est réellement votre style de musique ? Kwal : Je n'ai pas réellement de style de musique, j'essaie de transmettre mes sentiments et mes paroles tout simplement en chantant à ma manière. Pouvez-vous vous qualifier de slameur ? Non, pas tout à fait, le slam a tout un code et moi je suis sorti plus des codes dur rap et ce sont deux mondes différents. Quel est votre modèle ? J'en ai plusieurs, pas spécialement un seul, de Jacques Brel à N.T.M. Avez-vous un nouvel album en préparation ? Oui, dans un an (inch Allah). Y aura-t-il des duos avec des chanteurs arabes, en particulier des Algériens ? J'y pense. J'ai déjà travaillé avec une Algérienne, Layla Bellouce, mais j'aimerais retravailler avec des Algériens. Déjà, j'écoute cheb Khaled et d'autres artistes algériens et je prends même des cours en arabe. J'avoue que cette langue est difficile. Dans la chanson Exilé, vous parlez des sans-papiers et des problèmes d'ADN. Que pensez-vous de la politique de Sarkozy vis-à-vis de ces gens-là ? J'ai tout simplement honte de mon pays. Que pensez-vous de l'Algérie ? Je suis déçu de mon court séjour parce que j'ai hâte de découvrir et de visiter Alger ; la journée de demain je la consacrerai à cette visite et je suis impatient de revenir ici. Pourquoi le pseudonyme Kwal ? A-t-il une signification ? Non il n'a aucune signification, c'était fait juste comme ça ; de plus, c'est court et simple.