Synthèse de la Rédaction nationale L'Indonésie, devenue importatrice nette de pétrole brut, devrait se retirer de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), comme l'a annoncé hier le ministre indonésien de l'Energie et des Ressources minérales, Purnomo Yusgiantoro. «Lors de la réunion de préparation du budget, le Président a déclaré que nous devions nous retirer de l'OPEP. Plus tard, la nuit dernière, j'ai de nouveau eu une communication avec lui […] et probablement, à mon retour au bureau, je devrais signer notre retrait de l'OPEP», a déclaré Purnomo Yusgiantoro. L'Indonésie a vu sa production décliner depuis 1995 et est devenue importatrice nette, ce qui, techniquement, implique sa sortie de l'OPEP. Mais l'Indonésie, seul pays d'Asie du Sud-Est membre du cartel qui regroupe 13 pays producteurs, pourrait réintégrer l'OPEP si sa production repartait à la hausse et atteignait les niveaux souhaités, a ajouté le ministre. «Dans le cas de l'Indonésie, si nous nous retirons de l'OPEP, je pense qu'à l'avenir, si notre production revient à un niveau qui nous permette d'être exportateur net, alors nous pourrons revenir dans l'Organisation», a-t-il indiqué. Le pays espère développer de nouveaux gisements pour doper sa production dans les trois prochaines années. Selon des analystes, le retrait de l'Indonésie de l'OPEP pourrait signifier que le gouvernement entend désormais procéder à la modernisation des infrastructures pétrolières qui n'a pas été menée par les précédents dirigeants du pays. Les responsables indonésiens étudiaient depuis plusieurs années les avantages d'une sortie de l'OPEP et le cabinet a discuté d'un retrait au début du mois. Alors que d'autres membres de l'OPEP ont engrangé d'importants bénéfices du fait de la flambée des cours du brut, l'Indonésie n'a pas réussi à tirer parti de ses 4,37 milliards de barils de réserves prouvées. En tant qu'importateur net, Jakarta voudrait bénéficier de prix plus bas, mais ses partenaires de l'OPEP se sont refusés à augmenter la production. Les manifestations se multiplient en Indonésie depuis l'annonce, vendredi dernier, d'une hausse de près de 30% des prix des carburants en raison de la réduction des subventions publiques, touchant de plein fouet les plus pauvres déjà victimes de l'augmentation des prix des produits alimentaires. Devant la montée du mécontentement, le président Susilo Bambang Yudhoyono a décidé, lundi dernier, de reporter un déplacement en Europe prévu début juin, afin officiellement de «se concentrer sur les problèmes économiques et le développement du pays», a indiqué son porte-parole. Le Président a également défendu sa décision de réduire les subventions sur l'essence, visant à alléger le fardeau sur le budget, estimant qu'il s'agit de «la solution la plus responsable pour sauver notre économie et protéger notre peuple». La production indonésienne actuelle est d'environ un million de barils/jour(b/j), sous la limite imposée pour ce pays par l'OPEP.