Devenue importatrice net de pétrole brut, l'Indonésie va se retirer de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a annoncé mercredi le ministre indonésien de l'Energie et des Ressources minérales, Purnomo Yusgiantoro. "Lors de la réunion de préparation du budget, le Président a déclaré que nous devions nous retirer de l'Opep. Plus tard, la nuit dernière, j'ai de nouveau eu une communication avec lui (...) et probablement à mon retour au bureau, je devrais signer notre retrait de l'Opep", a déclaré Purnomo Yusgiantoro. Cependant, ce départ de l'Opep n'est pas forcément un adieu. L'Indonésie qui est le seul pays d'Asie du Sud-Est membre de l'organisation, pourrait réintégrer l'Opep si sa production repartait à la hausse et atteignait les niveaux souhaités, a ajouté le ministre. "Dans le cas de l'Indonésie, si nous nous retirons de l'Opep, je pense qu'à l'avenir, si notre production revient à un niveau qui nous permette d'être exportateur net, alors nous pourrons réintégrer dans l'organisation", a-t-il indiqué. L'adhésion de l'Indonésie à l'Opep cessera à la fin de 2008, selon M. Yusgiantoro. "Nous avons déjà payé l'abonnement pour cette année" qui est d'environ 2 millions d'euros, a-t-il précisé. Il faut dire que les responsables indonésiens ont étudié depuis des années les avantages d'une sortie de l'Opep et le cabinet a discuté d'un retrait au début du mois. Ce retrait de l'Opep n'est pas une surprise. En effet, l'Indonésie est devenue importateur net de pétrole depuis 2004 en raison de la très forte progression de sa demande intérieure. "Sa présence dans ce club des pays exportateurs de pétrole n'avait donc plus aucun intérêt", explique le directeur de la revue Pétrole et gaz arabes Nicolas Sarkis. Alors que d'autres membres de l'Opep ont engrangé d'importants bénéfices du fait de la flambée des cours du brut, l'Indonésie n'a pas réussi à tirer parti de ses 4,37 milliards de barils de réserves prouvées. La flambée des cours a forcé le gouvernement indonésien à augmenter de 30% les prix intérieurs des carburants, ne pouvant plus se permettre de les subventionner pour les maintenir à un niveau supportable pour la population. Cette décision n'a pas manqué de soulever de nombreuses manifestations dans tout le pays, mettant le gouvernement sous pression alors que des élections sont prévues l'an prochain. Depuis 1995, l'Indonésie a vu sa production décliner et est devenue importateur net, ce qui techniquement implique sa sortie de l'Opep. La production indonésienne de pétrole souffre d'une décennie de sous-investissements en exploration et en forages. Le pays espère développer de nouveaux gisements pour augmenter sa production dans les trois prochaines années. Au début du mois, le président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, déclarait que son gouvernement envisageait de se retirer de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole afin de consacrer toutes ses énergies à la remise en état des capacités pétrolières de l'Indonésie. Depuis quelques années, les pétroliers indonésiens peinent à atteindre les quotas de l'Opep et de plus en plus d'analystes estiment que le déclin de la production indonésienne a entraîné parallèlement le déclin de son influence au sein de l'organisation. L'Indonésie, membre de l'Opep depuis 1962, a vu sa production chuter en quelques années, passant de 1,6 million de barils par jour (bpj) à moins de un million actuellement. Selon les règles de l'Opep, l'Indonésie devrait produire un peu moins de un million de bpj.