88% des Algériens ne se sentent pas protégés contre des menaces ou des représailles en cas de dénonciation d'actes de corruption. En matière d'information, 78% des Algériens ignorent les dispositions de la loi 06/01 relative à la lutte contre la corruption. 51,8% des Algériens affirment qu'ils s'empêchent de révéler des faits de corruption de crainte d'être impliqués pendant l'instruction. 85% des Algériens pensent que les peines prononcées dans les affaires de corruption sont légères, contre 14% qui les trouvent sévères. Ce sont là les résultats auxquels est parvenue l'enquête «Le citoyen face à la corruption», menée par la cellule de lutte contre la corruption de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh). Initiée au mois d'octobre dernier, l'enquête visait à évaluer le regard que porte le citoyen sur la corruption. Il était aussi question d'évaluer la volonté des autorités de lutter contre ce phénomène, qui a atteint des proportions alarmantes.Lors d'un point de presse animé hier, au siège de l'organisation, son secrétaire général, Khalil Abdelmoumène, a indiqué que 1 600 personnes (62% hommes, 38% femmes), réparties sur 24 wilayas, ont été interrogées sur le phénomène de la corruption en Algérie. Interrogé sur les protections à mettre en place pour inciter le citoyen à dénoncer une corruption sans avoir peur de représailles, le SG de la Laddh proposera le «renforcement des dispositifs législatifs en matière de protection des dénonciateurs de corruption». Khalil Abdelmoumène précisera par ailleurs que «les résultats de cette enquête seront étudiés de manière approfondie pour être publiés dans un rapport». Dans le débat qui a suivi la présentation des résultats de l'enquête, il a été mis en avant le poids de la justice dans toute lutte contre la corruption. A ce propos, l'instrumentalisation de la justice fait largement consensus. Ce qui rend caduque l'idée de lutte contre ce phénomène. A noter que la Laddh, par la voix de son président, Mustapha Bouchachi, annonce qu'elle est prête à prendre en charge tout dossier «crédible», dont le dénonciateur aura peur de représailles. La Ligue s'engage à garantir la protection du citoyen et à faire parvenir le dossier au procureur général. «Ceux qui ont le courage de dénoncer et de faire un acte citoyen se retrouvent abandonnés», regrette, à cet effet, Mustapha Atoui, coordinateur de l'enquête «Le citoyen face à la corruption». A. Y.