Le Polisario détient des renseignements précis sur l'identité du groupe auteur de l'enlèvement des trois ressortissants européens du camp des réfugiés de Rabouni (près de Tindouf), a indiqué hier à Tifariti le Premier ministre sahraoui, M. Taleb Omar, qui a assuré que le Front continuera à le traquer jusqu'à la libération des otages. «Nous détenons des renseignements précis sur l'identité des éléments du groupe auteur de l'enlèvement de ces activistes dans le domaine humanitaire», a déclaré à l'APS, M. Taleb Omar, en marge des travaux du 13e Congrès du Polisario, ajoutant que «le Front a la ferme volonté de les traquer jusqu'à leur libération». «Tous les éléments de ce groupe ont un passé que nous connaissons», a-t-il poursuivi, soulignant, toutefois, qu'«il est prématuré de donner tous les détails sur ce groupe pour ne pas entraver le cours de l'enquête et des recherches». Le Premier ministre sahraoui a cependant affirmé que parmi ce groupe figurent des narcotrafiquants et des criminels connus par leur passé dans le crime organisé, ainsi que d'anciens membres de l'organisation terroriste d'Al-Qaïda au Maghreb islamique. Il a indiqué, en outre, que, selon les informations disponibles, les trois otages se trouveraient dans la région du nord-est du Mali. Les services de sécurité de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) ont arrêté jeudi dernier à Mijek (territoires libérés) un Sahraoui soupçonné d'être impliqué dans l'enlèvement des trois ressortissants européens le 22 octobre dernier dans le camp de réfugiés de Hassi Rabouni, avait indiqué, vendredi dernier, le ministre de la Défense sahraoui, M. Mohamed El Bouhali. Cette arrestation porte à onze le nombre d'individus interpellés par les services de sécurité sahraouis dans cette affaire. Le ministre sahraoui avait précisé que le cerveau de ce groupe, d'origine malienne, qui s'adonnait au trafic de drogue et entretenait des connexions avec des groupes terroristes, est entre les mains des autorités sahraouies. Parmi les onze membres de ce groupe arrêtés par les autorités sahraouies figurent des Maliens, des Sahraouis et un Mauritanien. Les trois ressortissants européens enlevés à Rabouni, le 23 octobre passé, sont Aino Fernandez Coin, de nationalité espagnole, membre de l'Association des amis du peuple sahraoui d'Estrémadure (Espagne), Enrico Gonyalons, de nationalité espagnole, membre de l'ONG espagnole Mundubat, et Rossella Urru, une Italienne, membre de l'ONG italienne Ccispp. Ils travaillaient tous les trois sur des projets humanitaires dans les camps de réfugiés sahraouis. R. I.
Lakhdar Brahimi : «La France ne rend pas service au Maroc» L'ancien ministre algérien des Affaires étrangères, M. Lakhdar Brahimi, a estimé, hier, à Paris, que le parti pris de la France sur le dossier du Sahara occidental ne rend pas «vraiment» service au Maroc. «Les Etats-Unis essayent un tant soit peu d'être assez indépendants et ouverts pour contribuer à la solution du problème (du Sahara occidental) au moment où la France a choisi de s'activer aux côtés du Maroc. Ce faisant, elle ne rend même pas vraiment service au Maroc», a-t-il souligné dans son exposé au Colloque sur les perspectives de développement entre la France et l'Algérie, organisé à l'Assemblée nationale française, à l'initiative de l'Association France-Algérie, présidée par M. Jean-Pierre Chevènement. La question du Sahara occidental, a-t-il dit, est une question internationale qui est gérée aux Nations unies où la France occupe un siège permanent de même que les Etats-Unis qui «sont aussi proches du Maroc que la France l'est». Sur le plan des relations entre l'Algérie et le Maroc, M. Brahimi, qui a occupé le poste de secrétaire général-adjoint à l'Onu, a estimé qu'Alger et Rabat «n'ont nul besoin de l'aide de qui que ce soit pour améliorer leurs relations bilatérales», qui, a-t-il ajouté, «personne ne l'ignore, ne sont pas au mieux».