Dans une immensité de désert, d'incertitude et de questionnement se bousculent des années d'histoire. La ligne de 1 559 kilomètres séparant le sol algérien du voisin marocain reste empreinte de cette ambiance, de ce mystère que possède tout espace posé au carrefour du temps et au milieu de nulle part. Emprunter la route menant de Maghnia, située à 60 km du chef-lieu de wilaya, Tlemcen, vers le village Zouiya, c'est s'inviter dans de nouvelles incompréhensions et découvrir une zone qui définit par elle-même un mode de vie à part. Dans un univers de platitude, de sérénité et de lente marche, le coup d'éveil est assuré de façon constante par des contrebandiers qui mènent visiblement la vie dure à des groupements de gardes frontières qui n'arrivent manifestement pas à neutraliser ces réseaux de contrebande. La localité de Zouiya s'est imposée, davantage depuis la fermeture des frontières, comme une plaque tournante d'un échange de marchandises au nom de l'illégalité. Les réseaux de contrebande semblent trouver leur compte avec deux marchandises : drogue et carburant. La quasi-totalité de la quantité de la drogue qui inonde le territoire national transite par Zouiya. Le carburant à destination du Maroc passe également par cette localité faiblement peuplée mais où se trament de grosses opérations de trafic. Un lieu décidément à fortes nuisances pour l'économie algérienne dont le marché est fortement alimenté en drogue comme l'illustre la quantité de 400 kg de kif traité saisis dans la nuit de mercredi dernier. Si le mouvement de l'émigration clandestine peut passer par différentes voies, celui de la contrebande semble désigner son centre. Il s'appelle Zouiya. Ici, le récit de quelques heures nocturnes vécues en compagnie des gardes frontières de la daïra de Maghnia.