Photo : Sahel Par Smaïl Boughazi Le secteur public existe encore. La volonté de lui donner un nouveau souffle aussi. Ces derniers temps, on assiste à un retour sans égal de ce secteur. Les dernières décisions prises par le gouvernement confortent aussi cette thèse. Le secteur économique public reste un levier incontestable dans le paysage industriel national. Que reste-t-il de ce tissu bâti à coups de milliards durant l'ère socialiste et après une période marquée particulièrement par la présence et la prédominance du privé ? Le secteur public peut-il rattraper le retard et suivre le train industriel qui se déplace à une vitesse effrénée ? Une chance existe de le réhabiliter Rien n'est impossible, disent les plus avertis. Toutefois, avant d'attaquer ce chantier colossal, il est utile de revenir sur les lieux et de faire le constat. Même si pour le commun des mortels, le secteur économique étatique réside dans les zones industrielles les plus reculées, oublié depuis tant d'années, avant de voir les autorités s'affairer à le déterrer pour le réanimer, les responsables de ces entités économiques ne sont pas du même avis. Exemple : l'une de ces entreprises, qui sont nombreuses et qui cherchent à se maintenir en vie, est la Compagnie algérienne de mobilier métallique d'organisation (CAMMO). Les responsables de cette société spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de mobilier de bureau sont confiants. Le secteur public n'a rien à envier à son frère ennemi, le privé. Il suffit d'un coup de pouce et l'affaire est réglée, soutiennent-ils. Est-il différent du secteur privé ? A cette question, le P-DG de cette entreprise, M. Chabane, est catégorique : «Nous sommes sur un pied d'égalité. Rien ne nous diffère du privé.» Néanmoins, cette entreprise, qui emploie actuellement quelque 370 personnes, voudrait plutôt arracher ses parts de marché, évaluées actuellement par nos interlocuteurs à 30%, et même augmenter ses capacités de production. Ce sont les objectifs des responsables de cette petite entreprise. Le P-DG, qui ne cache pas que ce qu'il faut changer et réguler actuellement est l'environnement dans lequel évoluent ces entités publiques, estime, par ailleurs, que les moyens financiers restent un véritable casse-tête pour les dirigeants. «Nous ne pouvons pas moderniser et améliorer la qualité si nous faisons face à une concurrence déloyale provoquée essentiellement par l'informel et la production contrefaite.» «Le marché est menacé par les importations asiatiques», a-t-il clamé, expliquant que, parfois, «les importations ne répondent même pas aux exigences locales». Ce qui a entraîné, à ses yeux, une baisse des parts du marché et, par ricochet, une faible rentabilité de l'entreprise. Un designer coûte 5 000 euros Il avance un parangon : «pour recruter un designer ou une compétence qui ferait un vrai travail, il nous faut dépenser au moins 5 000 euros par mois», fait-il remarquer. «Nous n'avons pas les moyens de le faire» regrette-t-il, amèrement. Idem pour l'approvisionnement notamment en produits sidérurgiques. «Actuellement nous avons des perturbations permanentes en matière d'approvisionnement, le complexe El Hadjar géré actuellement par Arcelor Metal Steel n'arrive pas à satisfaire le demande nationale», affirme le premier responsable de CAMMO, pour qui «même l'importation des matières sidérurgiques n'est pas possible, puisqu'il faut importer de grandes quantités pour avoir des prix préférentiels et ce n'est pas le cas de notre entreprise» explique-t-il. Pour ce qui concerne la mise à niveau de cette économique, notre locuteur indiquera que parmi les actions entreprises par son entreprise, il y a eu notamment la formation de quelques employés, la modernisation du système informatique, le renouvellement d'une partie de l'outil de travail. Après avoir énuméré ces mesures, notre interlocuteur, interrogé sur les dernières décisions prises par le gouvernement qui visent pour rappel à soutenir le secteur public, nous dira qu'«au niveau de l'entreprise, il n'y a pas beaucoup d'attentes». Plus explicite, il dira que les attentes sont «au niveau global» c'est-à-dire «des partenaires et des fournisseurs fiables et assainis». Autrement dit, «un environnement sain, là où l'entreprise peut évoluer.» Grosso modo, le responsable résume la restructuration à trois points essentiels. «Premièrement, la prise en charge d'un développement réel par la création de bureaux d'études qui vont étudier et développer les entreprises; deuxièmement, c'est le contrôle. Un contrôle qui ne sera pas policier mais constructif de la gestion pour pouvoir l'améliorer et, enfin, donner une autonomie pour les lieux de travail. Une autonomie afin de libérer les esprits» énumère le responsable de l'entreprise. Cammo de Roneo à Wood manufacture Il convient de souligner que Cammo est une entreprise qui était une filiale de Roneo en 1960 sous l'appellation de CAFMO. Après sa nationalisation en 1974, elle est devenue une unité rattachée à la Société nationale de l'industrie du liège et du bois (SNLB), puis avec la restructuration du secteur industriel algérien de 1982, elle a été rattachée à l'entreprise ENATB. L'opération de restructuration de 1998 a érigé la société en filiale qui relève du groupe industriel Wood Manufacture sous l'appellation de Cammo/Spa. Actuellement, elle fabrique et commercialise le mobilier de bureau. Elle fabrique une gamme variée composée de bureaux et tables, de fauteuils et chaises de mobilier de rangement et de classement. Cammo est implantée dans la zone industrielle de Rouiba, sur une superficie totale de 27 875 m⊃2;, dont 13 967m⊃2; couverts. Ses capacités annuelles de production sont évaluées pour les siègeries à 50 000 unités, 20 500 meubles de rangement et 15 000 unités bureaux et tables.