Si la France a ressorti du placard son costume de nation des droits de l'Homme, l'a dépoussiéré et l'a endossé pour dénoncer le génocide arménien, elle continue, cependant, d'ignorer superbement ceux dont elle s'est rendue coupable à l'encontre de centaines de milliers de civils algériens durant la colonisation. Mais la mémoire a vite fait de déchirer le voile de l'oubli pour rappeler ces crimes contre l'humanité dont le plus médiatisé, cette année, est celui commis un certain 17 octobre 1961 qui, par la sauvagerie ayant caractérisé la répression policière de pacifiques algériens manifestant à Paris, a gagné le triste qualificatif d'«Octobre noir». 2011 a été l'année de la célébration du cinquantenaire de ce massacre longuement occulté, avec une série de manifestations artistiques qui se partagent un seul objectif : la reconnaissance de ce génocide. Si la France continue d'entretenir l'amnésie collective face à son passé colonial criminel, plusieurs associations se sont distinguées en 2011 en dédiant leurs activités à cette date comme le Maghreb des films qui a consacré une partie de sa programmation à des films traitant de ce thème. Autre action à retenir, la sortie de la bande dessinée Octobre noir de Daeninck préfacée par Benjamin Stora ou encore le livre 17 Octobre 1961, dix sept auteurs s'en souviennent paru chez Mediapart en collaboration avec l'association "Au nom de la mémoire". En Algérie, le Festival international de bande dessinée a frappé fort, cette année, avec la sortie de la bande dessinée 17 Octobre 1961, 17 bulles de Benyoucef Abbès Kebir et la tenue de l'exposition consacrée à cette date. Le cinéma a également participé avec la diffusion en Algérie du documentaire Ici on noie les Algériens de la réalisatrice Yasmina Adi. Et pour boucler la boucle, le journaliste français Edwy Plenel, invité au Salon international du livre d'Alger, soulignera en gras la nécessité de la reconnaissance de ce génocide par l'Etat français. W. S.