Mais aussi aux valeureux Gambiens qui ont tenu en respect les Lions de la Teranga redevenus Lions de la Véranda, pas du tout convaincants. La surprise de Débat a failli être finalement grande pour des Verts, donnés grands favoris d'un samedi, mais qui ont vite vu la belle pelouse monrovienne prendre des allures d'un curieux traquenard. A l'issue duquel les Algériens sont sortis certes indemnes, mais n'ont pu laisser une trace plus profonde qu'un match sans but. Un zéro zéro, sans grande saveur ni réelle couleur, qui fait planer au-dessus du stade libérien qui a abrité les débats un sentiment bizarre qui tangue entre la satisfaction de conserver son destin mondial aux pieds et l'impression quelque peu frustrante d'avoir laissé passer (surtout en fin de partie) l'occasion de réussir un hold-up qui maintiendrait les coéquipiers de Yassine Bezzaz (quel talent ce garçons !) au sommet de la poule sans attendre le duel sénégalo-gambien. Qui ferait surtout de Bezzaz, remplaçant malheureux, ce technicien hors pair en fin de partie, le héros du Ramadhan 2008. Sur cette aire saupoudrée de soufre de Monrovia, l'équipe nationale d'Algérie a failli donc retomber de son piédestal de premier du groupe 6. Non pas en douceur mais plutôt en douleur. Tant un soupçon de réalisme, voire de technicité des Lones Stars aurait empêché la bande à Saadane de recueillir un nul (0-0) finalement heureux (?). Tant une victoire des capés d'Antoine Hey, l'Allemand, n'aurait scandalisé personne. Les Scorpions ont beaucoup nargué du Fennec Le samedi après-midi, les coéquipiers de Solomon Grimes ont beaucoup nargué un Fennec, sans science collective, sans liant dans ses mouvements d'ensemble, sans un centre avant de métier, et obligé d'occulter ses lacunes dans le jeu par un maigre numéro de petit animal du désert blessé. Un club d'Algérie qui n'a dû finalement son salut qu'à sa défense new-look (pourtant grandement éprouvée par moments), composée de la charnière centrale Zaoui-Bouguerra : le plan gagnant de Saadane qui avait presque vu juste : «J'ai confiance en cette défense», clamait-il avant le match. Ce grand débat qui réclamait beaucoup d'arguments pour la défense des intérêts algériens. Dès qu'il l'a pu et à l'occasion des arrêts de jeu, le trident Mansouri-Djedait-Ziani s'est concerté, comme pour retravailler ses automatismes éprouvés durant cette partie. Mais l'autre défenseur restant, le gaucher Nadir Belhadj, n'était pas exclu pour autant de ces conciliabules spécifiques, seulement occupé qu'il était à veiller sur le remuant Oliiver Makor. Ce «troubleur» de l'ordre de la défense algérienne, obligée d'entrée de supporter le poids de la partie. Et souvent lâchée par un duo de récupérateurs Djediat-Mansouri lourds et quelque peu dépassés par la vitesse d'exécution d'un milieu libérien plus petit, donc plus vif. Et, très tôt, au moment où l'Algérie se demandait encore s'il ne fallait pas un lasso pour maîtriser le ballon sur une plaine de Débat aussi désolée, Rafik Saïfi décevant était déjà sollicité par une percée du percutant et incisif Bezzaz. A l'instar du sociétaire de Valenciennes, l'arrière-garde, courageuse et déterminée à faire oublier les blessés, les suspendus, voire ne pas donner raison aux absents (Djebbour-Anthar Yahia), a passé son après-midi à courir derrière le surprenant et pétillant duo James Lowel-Anthony Laffor. Alors que la paire Lowel-Lafor était attendue au tournant pour sa énième titularisation, les deux arrières latéraux, Belhadj et Raho, jouaient d'entrée sur une relative expérience en sélection. Mais les défenseurs ont presque mieux tiré leur épingle du jeu : en parfaits soldats de garde, Bouguerra et Zaoui ont joué l'individuel sur Power et Makor. Sans pourtant oublier de jouer le dur. Face à une Algérie qui lambine plus qu'elle ne joue, aux lignes parfois trop écartées et qui souffre de l'inconstance physique du préposé à l'animation (Ziani), le Liberia, poussé par ses 2 000 supporters, s'enhardit et met la défense algérienne au supplice. Prise parfois de vitesse par l'allant de Makor, qui pousse à la faute Abdeslem sur une obstruction sans grand dommage à part un sévère carton jaune. Les gardes du corps de Gaouaoui : la nécessité de toujours veiller au grain Mais aux relances parfois justes du joueur de la JSK se sont succédé les errements de Belhadj sur son côté gauche (face au toujours virevoltant Laffor, les couvertures réussies d'un Raho courageux à défaut d'être lumineux et le bel entrain d'un Zaoui de retour à sa meilleure forme). Mais la bonne alerte de Williams viendra rappeler aux gardes du corps de Gaouaoui la nécessité de toujours veiller au grain. Surtout que les échappées des incontournables Makor-Laffor, Williams ont montré par moments les flottements, voire les limites d'une association inédite (Zaoui-Bouguerra). Et d'une aile gauche Raho au rendement très minime. Mais la réponse de Saïfi qui bute sur le gardien Anthony Tokpah pour la dixième fois et les bons centres d'un Bezzaz intermittent ne serviront qu'à soulager leur défense le temps d'une banderille algérienne. Le temps du premier quart de la seconde période, quand l'Algérie a fait semblant de traduire sur le pré sa supériorité technique, l'inédite ligne arrière a cru un moment passer une fin d'après-midi moins éprouvante. Mais très vite, le milieu adverse, guidé par son clairvoyant Makor, submergea à nouveau de sa hargne et de son envie son pitoyable homologue algérienne. «Parfois, on a eu l'impression qu'ils en voulaient plus que nous», dira plus tard un joueur algérien. Bezzaz s'en alla à nouveau de ses percussions en nouvel entrant, Ziani, mettait le feu sur une défense libérienne aux abois. Mais la maladresse technique de Saïfi, le défaut de lucidité et le brin d'individualisme des avants algériens sauvèrent maintes fois une défense littéralement abandonnée par un milieu au sein duquel Makor essoufflé traînait, comme un aveu, son manque de fraîcheur. «En ce moment, on perdait trop de ballons», reconnaît un Saadane qui va s'empresser d'arrêter le calvaire de son équipe, assommée par la réalisation sénégalaise avant que les Scorpions ne nivellent la marque. Et sans doute convaincu que son équipe n'a pas fourni une prestation digne de son présumé standing. Même si la rentrée de Yassine Bezzaz, héros manqué, a apporté d'autres solutions à l'attaque algérienne qui a mieux fini le match que les Lones Stars, c'est la défense libérienne, le secteur le plus sujet à interrogations de l'avant Débat, qui donne ce semblant de légèreté à la rencontre ce samedi soir. Cela aurait pu être pire. M. G.