Le tourisme et la culture sont les deux revers d'une seule et même médaille. Jamais l'un sans l'autre. Le patrimoine, les cultures populaires, les savoirs séculaires et les coutumes d'autrefois sont partout mis à contribution pour promouvoir le secteur du tourisme et des voyages. L'Algérie dispose dans ce registre d'une riche palette pour prétendre aux faveurs des vacanciers et tour-opérateurs. Mais ce patrimoine culturel, d'une extraordinaire diversité, reste pour l'essentiel à l'abandon et peu exploité.Par leurs styles architecturaux, de nombreuses villes algériennes constituent des curiosités qu'il convient de mettre en lumière. En guise d'illustration, on peut citer les Casbahs d'Alger, de Tlemcen, de Béjaïa, de Constantine, d'Annaba, de Dellys, de Tenès, de Cherchell comme autant de réalisations du génie algérien authentique. Les anciennes médinas de Boussaâda, Laghouat, Ghardaïa, les ksour de la ville d'Adrar, ceux de Béchar, de Ouargla, d'El Oued, de Timimoun, d'In Salah entre autres vestiges encore vivants de la civilisation arabo-mauresque, font également partie de cet exceptionnel répertoire urbanistique. On doit encore souligner le caractère typique de nos villages d'autrefois en Kabylie, dans les Aurès et au Sahara. Intelligemment intégrées aux sites dont elles épousent la topographie et domestiquent le climat, ces réalisations ont, dans un passé pas très lointain, suscité l'émerveillement des grands spécialistes qui en ont fait un objet d'étude et de recherche. Aujourd'hui menacées par l'usure et la ruine, ces cités anciennes nécessitent de profonds travaux de restauration pour maintenir toujours allumée cette flamme du savoir-faire de la société algérienne dans les domaines de l'architecture, la construction des villes et l'occupation stratégique des territoires. Dans le même ordre d'idées, nos musées regorgent de trésors culturels et artistiques qui restent, faute de promotion, méconnus du grand public. Il convient aussi, là encore, de s'atteler dès maintenant à dépoussiérer et à reluire les stands d'exposition afin de valoriser et de rentabiliser ce filon doré de l'industrie culturelle.Le patrimoine immatériel, longtemps délaissé, est aussi menacé d'extinction. Les musiques traditionnelles, les chants mystiques, les contes et les légendes, les adages et les poèmes, les usages coutumiers et les rites, les fêtes et les célébrations agrestes sont autant de facettes colorées de notre identité qui risquent de disparaître à jamais. Objets d'un intérêt certain des touristes et des voyageurs étrangers, cette culture orale, qui représente notre mémoire collective, doit être recueillie et remise en service pour la soustraire à l'oubli et la mettre à contribution dans le rayonnement culturel et le développement touristique.Tout ce patrimoine culturel, une fois ressuscité et remis au goût du jour, générera, à coup sûr, de substantiels revenus pour son entretien et son développement ultérieurs. De timides initiatives ont été déjà entreprises et les résultats furent immédiats. A Béjaïa, des associations avaient récemment décidé de transformer de vieux villages abandonnés en centre de vacances. Les expériences lancées dans ce sens à Tizi n'Berbère, Djoua, Beni Ksila ont eu un franc succès auprès des estivants qui ne connaissaient autrefois que les plages du littoral. Cette petite réussite devrait en principe inspirer les autorités concernées, les opérateurs touristiques et les acteurs culturels. Ils ont beaucoup à gagner dans ce domaine. K. A.