Intervenant samedi devant le Comité international monétaire et financier (CIMF) du Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre des assemblées annuelles des institutions de Bretton Woods qui se tiennent à Washington, le gouverneur de la Banque d'Algérie est revenu sur l'ampleur de la crise financière et sur la responsabilité du FMI dans la gestion de cette situation. Pour M. Laksaci, l'atténuation des conséquences de cette crise sans précédent depuis 1929 nécessite une coopération et une coordination internationales des politiques économiques. Il s'agit surtout, selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, d'assurer une liquidité adéquate, en prenant en charge la question des avoirs compromis des banques et celle de la recapitalisation des institutions financières. De même que l'assurance d'une garantie adéquate des déposants. En parallèle, M. Laksaci a plaidé pour l'orientation des politiques monétaires et financières, dans le contexte de tendance à la baisse des pressions inflationnistes, vers le soutien de la rapide reprise économique. Et ce, en jouant sur la préservation de la stabilité budgétaire à moyen terme. Dans ce cadre, le FMI est appelé à assumer pleinement son rôle, d'autant que cette institution internationale a pour mandat de préserver la stabilité monétaire et financière internationale. Le FMI doit également, selon M. Laksaci, se tenir prêt à offrir rapidement, le cas échéant, l'assistance nécessaire aux pays membres pour contenir les effets de diffusion de la crise. L'activation des procédures d'urgence pour répondre rapidement aux demandes d'assistance, avec accès élevé au financement et à la conditionnalité atténuée, est favorablement accueillie par Laksaci qui s'est exprimé au nom du groupe comptant, outre l'Algérie, l'Afghanistan, le Ghana, la République islamique d'Iran, le Maroc, le Pakistan et la Tunisie. «Nous réitérons notre appel pour l'établissement dans les meilleurs délais d'un nouvel instrument de liquidité pour les pays ayant accès aux marchés et ceux souhaitant une plus grande intégration dans l'économie mondiale», a prôné par ailleurs le représentant dudit groupe, avant de revenir sur le dossier du contrôle, une question qui a, selon lui, contribué à l'éclatement de la crise. Pour M. Laksaci, les pays avancés, faute d'une bonne gestion des risques, ont une grande responsabilité dans la situation actuelle. «Il est d'ores et déjà clair que d'importants échecs dans les cadres de régulation et de supervision dans les pays avancés, dans la gestion des risques dans d'importantes institutions financières privées, dans les mécanismes de discipline du marché sont des facteurs principaux dans cette crise et doivent être pris en charge de manière radicale», a-t-il souligné. Et d'inviter dans ce sillage le FMI à regagner le terrain pour assurer sa mission de surveillance, notamment des économies et marchés financiers systémiquement importants. Il est nécessaire, selon le responsable de la Banque centrale, de renforcer les mécanismes de contrôle et de surveillance du FMI afin de permettre une détection précoce des risques. Cependant, cette mission ne peut donner des résultats sans l'implication des pays membres de cette institution. «L'efficacité de la surveillance du FMI ne peut être renforcée que si ses recommandations et ses conseils sont pris en considération par tous ses pays membres, particulièrement ceux à importance systémique», a clairement noté M. Laksaci. Une manière de souligner que les recommandations du FMI devraient être appliquées de manière équitable, selon les besoins des pays et non selon les intérêts des pays riches au détriment des pauvres. S. I.