C'est le brans-le-bas de combat dans la sphère FLN à Annaba, où les frères ennemis affûtent leurs armes en prévision des prochaines échéances électorales. Il faut dire que maintenant le divorce est consommé entre les redresseurs «légalistes» et le clan du sénateur mouhafadh, Zitouni, dont le mandat a expiré depuis plus de 2 ans. En effet, la dernière action en date de la Mouhafadha officielle a été d'installer les bureaux de kasma suite à des assemblées générales tenues en dehors des locaux du parti. Cette opération, qui s'est déroulée dans différentes localités de la wilaya, sous le sceau du secret pour en exclure les redresseurs, a abouti, avant-hier à l'hôtel Seybouse, à l'élection du bureau de la Mouhafadha, dont la composante sera transmise à la direction du parti. Hier, les redresseurs, réunis à El Bouni, forts de la présence de neuf présidents d'APC, sur les douze que compte la wilaya de Annaba, ont adressé une lettre urgente au secrétaire général du FLN pour dénoncer les dérives du sénateur mouhafadh et l'avertir quant aux décisions graves qui seront prises par la base si les responsables du vieux parti n'annulent pas ces élections, qualifiées de «fantoches». Ainsi, il est clairement signifié que la base militante, y compris les cadres du FLN, basculera avec armes et bagages du côté des redresseurs «aile Goudjil» et feront tout pour s'opposer à l'élection de tout candidat présenté par le FLN officiel, représenté par Zitouni. Les P/APC, en conclave hier, ont tous souscrit à cette action, tout en appelant les militants à plus de retenue en attendant la réponse du secrétaire général. Mais, apparemment, cela n'a pas calmé les ardeurs de certains, qui sont déjà passés sous l'aile Goudjil, qui les a accueillis à bras ouverts. Ce flux migratoire de militants, cette érosion des rangs du vieux parti à Annaba, compromet sérieusement les chances de ses futurs candidats, dont l'électorat s'effrite. La machine à gagner du FLN est-elle en train de se transformer en machine à perdre ?Selon Mohamed Cherif Bendjedid, chef de file des redresseurs légalistes, la situation est grave, et c'est peut-être la fin de la maison FLN par la faute de ceux qui ne veulent pas quitter leurs postes malgré le fait qu'ils sont rejetés par la base. «Nos militants s'impatientent, nous sommes sages et nous avons évité les affrontements entre militants. Nous avons écrit aux hautes instances du parti mais, à ce jour, il n'y a pas eu de réaction. C'est la dernière fois que nous écrivons. S'il n'y a pas de réaction, nous allons tous basculer du côté des redresseurs version Goudjil», nous a-t-il déclaré hier.