Le président syrien Bachar al-Assad a assuré, hier, devant des dizaines de milliers de Syriens rassemblés au cœur de Damas, qu'il viendrait à bout du «complot» visant son pays, la Syrie. Cette énième sortie intervient alors qu'un membre démissionnaire de la mission de la Ligue arabe, l'Algérien Anouar Malek, a accusé Damas de commettre des «crimes en série». Cette démission est la première depuis le début de cette mission de la Ligue arabe. «J'ai vu un véritable désastre humanitaire, le régime ne commet pas un seul crime de guerre, mais une série de crimes contre son peuple», a déclaré l'observateur à la chaîne Al Jazeera. Malek a passé 15 jours dans la ville de Homs, centre de la révolte syrienne, qu'il a qualifiée de «ville sinistrée» et fait état de scènes terribles. L'observateur démissionnaire a assuré que les manifestations étaient «entièrement pacifiques» et que «les observateurs ont été trompés» par le pouvoir syrien, qui a fait croire qu'il se conformait à l'initiative arabe. «Ils n'ont pas retiré leurs chars des rues, ils les ont juste cachés et redéployés après notre départ», témoignera-t-il. «Dès que nous quittions un secteur, les gens étaient attaqués». Depuis la mi-mars, et dans le sillage des soulèvements arabes, la Syrie est en proie à une crise politique grave qui a fait, selon l'ONU, plus de 5 000 morts. Ces violences persistent malgré la présence sur le terrain, depuis le 26 décembre, d'observateurs de la Ligue arabe. Leur mission est de plus en plus critiquée, voire contestée par l'opposition pour son inefficacité à influer sur les violences. Lundi, deux observateurs koweïtiens avaient d'ailleurs été blessés près de la ville de Lattaquié, ville côtière. Le Koweït et le chef de l'organisation panarabe, Nabil al-Arabi, ont dénoncé «les actes de violence» contre les observateurs. Au lendemain du discours télévisé, le président syrien Bachar al-Assad s'est adressé aux manifestants présents sur la place des Omeyyades à Damas, où un gigantesque rassemblement a été organisé en appui au pouvoir en place. D'autres localités et villes syriennes ont vu des rassemblements en faveur du pouvoir. Mais, selon le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, «il a été demandé aux fonctionnaires gouvernementaux de participer à ces défilés». «A Deraâ, les soldats défilent en civil», affirmera-t-il. Mardi, Assad avait accusé des pays étrangers de comploter contre la stabilité de la Syrie et réaffirmé faire du rétablissement de la sécurité une priorité absolue. Le président syrien a promis des réformes et annoncé un référendum début mars pour une nouvelle Constitution. La presse syrienne a appelé l'opposition à se joindre aux propositions du gouvernement et à la formation du cabinet d'union nationale promis par Assad. En réaction, le Conseil national syrien, regroupant la majorité de l'opposition, a estimé que les réformes évoquées par Assad étaient «dépassées par les événements.» M. B./Agences