Photo : sahel Par Salah Benreguia La contrebande de divers carburants (essence et gasoil) n'est pas un fait nouveau en Algérie. Il y a toujours eu un trafic de bidons notamment d'essence, aux frontières est, ouest et au sud du pays. Mais depuis plusieurs mois, la situation est tant critique qu'on parle d'ores et déjà d'une pénurie. Il est vrai que depuis le début du conflit en Libye et en Tunisie, plusieurs réseaux de contrebande de carburants, gaz et essence se sont constitués, permettant d'acheminer ces carburants de l'Algérie vers ces pays, sans omettre au passage celui qui s'effectue depuis des décennies vers le royaume chérifien. Toutefois, le manque de ces matières, notamment l'essence qui a engendré depuis quelques mois une pénurie inhabituelle, commence à inquiéter non seulement les simples usagers de la route mais surtout les gérants de stations - service. Les explications fournies par toutes les parties concernées sont différentes. Chacune rejette la balle dans l'autre camp. Pour les gérants des stations - service, la raison est visible, connue. Point à la spéculation. Pour l'Union nationale des investisseurs, propriétaires et exploitants de relais et stations-service (Uniprest), cette pénurie n'a jamais été causée par la contrebande. «Un phénomène qui existe depuis des décennies», insistent les membres de ce syndicat affilié à la CNPA. Cette crise est causée par le programme du ministère de l'Energie et des Mines qui consiste en une augmentation des capacités de raffinage, via notamment la rénovation de certaines raffineries, ce qui a nécessité leur mise à l'arrêt a laissé entendre Samir Laribi, vice- président de l'Uniprest. Et de préciser que les pouvoirs publics n'ont pas pris en considération les réelles capacités de stockage dans les différentes wilayas du pays comme cela se fait ailleurs (une autonomie de 30 jours dans chaque wilaya est recommandée). Les membres de l'Uniprest sont unanimes et formels : ce qu'ils avancent est l'unique raison qui a déclenché une pénurie de carburant à travers plusieurs wilayas du pays. «La crise actuelle n'a jamais été causée par la contrebande. Pour ce qui est des frontières, les pouvoirs publics ont l'obligation de les surveiller et de faire barrage à ce genre de trafics et à bien d'autres, et ce n'est pas aux stations - service que revient cette tâche» insistent-ils plus loin. Par ailleurs, les mêmes sources indiquent que cette pénurie est la conséquence de l'un des programmes majeurs auxquels font face les différentes stations - service. En effet, l'Uniprest soutient que cette activité est devenue, depuis quelques temps, «non rentable». «Jusqu' à aujourd'hui, nous avons accepté les difficultés d'une activité devenue non rentable, une situation qui s'est aggravée avec ces pénuries et les charges qui augmentent de plus en plus. De ce fait, nous serons obligés de cesser notre activité pour faillite». «Cela fait plus de 2 ans que nous essayons de sensibiliser les pouvoirs publics tant sur les capacités de stockage pour faire face à des situations comme celles que nous vivons en ce moment, que de raffinage qui sont loin de répondre aux besoins du citoyen et au bon fonctionnement de l'économie» note ce syndicat dans un communiqué. La même source qui estime que leur activité qui a comme première vocation «la garantie d'une disponibilité des produits énergétiques nécessaires à l'économie du pays et aux citoyens, en assurant un service public, ne génère plus une rémunération capable de répondre à des exigences de qualité . Nous avons longuement hésité à faire valoir nos droits par le moyen légitime de la grève, sachant la nuisance dont seul le citoyen subira les conséquences alors qu'il n'est en rien responsable de cette situation en espérant qu'il comprendra cette nécessité, le cas échéant. Alors que nous attendions une amélioration de notre marge de rémunération, nous nous retrouvons, d'une part, devant le mutisme total des autorités concernées à savoir le ministère de l'Energie et des mines malgré l'existence de textes allant dans ce sens, et d'autre part, d'un fait nouveau émanant du ministère des Finances avec la mise en application de l'article 219bis sur la TAP de la loi de finance 2009 avec effet rétroactif sur les trois années passées. Ce qui risque de mettre définitivement en faillite cette activité alors que son application reste aberrante dans le cas des stations- service. Ce qui nous pousse encore vers des actions radicales». À savoir une grève. S. B. Les explications de Naftal S'exprimant la semaine dernière sur la pénurie de carburant et de gaz butane à travers plusieurs régions du pays particulièrement à l'Ouest, le premier responsable de Naftal, M. Saïd Akretch, a expliqué l'origine d'une telle situation. Mais il n'a rien apporté de nouveau par rapport aux explications données fin décembre au début de la pénurie.Encore une fois, le DG de Naftal a incombé cette crise aux intempéries alors que durant les deux premières semaines de janvier, le temps était clément. En effet, concernant la pénurie de carburant, Naftal lie la crise aux mauvaises conditions climatiques qui ont sévi fin décembre. D'où la consignation du port de Skikda, principale source de production de carburant, pendant plus de 18 jours. Ce qui a rendu «impossible l'accostage des navires pour décharger les produits pétroliers» au cours de cette période. L'autre raison évoquée par le responsable de Naftal est la fermeture de la raffinerie d'Arzew, actuellement en réhabilitation.Au sujet du gaz butane, pour Naftal, le problème ne se pose pas puisque l'entreprise dispose de 42 unités d'une capacité de production de 100 000 bonbonnes de gaz/jour.