Prolongation ou non des mesures d'austérité, participation du privé au second plan grec et démultiplication du fonds de soutien à la zone euro seront au cœur des discussions des ministres européens des Finances la semaine prochaine, même si aucune décision n'est attendue sur ces dossiers. Réunis, aujourd'hui et demain, à Luxembourg, les ministres devraient également engager la discussion sur le renforcement de la gouvernance de la zone euro dans la perspective d'un sommet des dirigeants de la monnaie unique le 18 octobre à Bruxelles. "Les alarmes de la récession ont commencé à sonner dans un certain nombre des pays de la zone euro et le débat sur l'opportunité de prolonger ou non les mesures d'austérité budgétaires seront un fil conducteur jusqu'au sommet européen des 17 et 18 octobre", a expliqué une source de haut rang la discussion des deux prochaines semaines", a renchéri cette source, précisant que la discussion porterait sur la réévaluation des conclusions des sommets européens de 2009 qui avaient alors invité les Vingt-Sept à mettre un terme aux mesures de soutien à l'économie pour s'engager dans une phase de consolidation accélérée des finances publiques. Une seconde source a indiqué que les réunions de lundi et mardi ouvriraient une séquence politique d'un mois jusqu'au sommet du G20 de Cannes, début novembre, où il s'agira alors pour les grandes puissances mondiales de s'entendre sur un message commun de soutien à l'activité économique mondiale. "Le message la semaine prochaine se déclinera en trois volets : un, la zone euro doit continuer sur le chemin de la consolidation budgétaire ; deux, les Etats membres doivent mettre en oeuvre des réformes structurelles pour stimuler la croissance ; trois, dans quelques pays, il y a des marges de manoeuvre pour faire une pause dans l'austérité et laisser jouer les stabilisateurs automatiques", a dit la source. L'Allemagne, seul pays de la zone euro disposant de telles marges de manœuvre et dont la taille lui permettrait d'avoir un effet d'entraînement a cependant, déjà indiqué qu'elle n'envisageait pas de s'engager sur cette voie. Plan grec La question de la participation des grandes banques et assureurs européens au second plan d'aide à la Grèce devrait aussi dominer l'agenda, alors que le Premier ministre grec George Papandréou était à Berlin et Paris cette semaine pour faire le point sur la situation dans son pays. L'accord du 21 juillet dernier sur ce plan de soutien prévoyait une participation du privé à hauteur de 50 milliards d'euros environ, via notamment un échange d'obligations grecques actuelles contre de nouvelles assorties d'une décote de 21% mais aussi de garanties supplémentaires fournies par les pays de la zone euro. Athènes peine cependant à réunir les 90% minimum de participation du privé qu'elle demandait pour accepter le plan et, selon plusieurs sources, la détérioration des conditions de marché des dernières semaines a renchéri le coût des garanties offertes par les Etats, laissant planer un doute sur la mise en œuvre du programme dans sa forme actuelle. "Nous ne sommes pas loin du seuil de 90%. En fait, nous y sommes presque. Donc nous ne pensons pas que la question se pose de réviser la participation du secteur privé", a dit l'une des sources. Elle a précisé qu'en cas de différence entre la participation attendue des banques et celle finalement obtenue, il serait, en outre, possible d'explorer plus avant l'option des rachats par l'Etat grec de ses propres obligations à une valeur inférieure à leur valeur faciale, ce qui ferait baisser le niveau de dette. Cette question devrait cependant continuer d'être discutée au cours des deux prochaines semaines et aucune décision ne devrait intervenir avant une nouvelle réunion de l'Euro groupe le 13 octobre et les sommets des 17 et 18 octobre. Démultiplication du FESF Enfin, les ministres devraient également se pencher sur la question de démultiplier la puissance de tir du fonds de soutien à la zone euro (FESF), même si là encore aucune décision n'est attendue au cours des deux prochaines semaines. La zone euro tente de trouver une manière d'utiliser plus efficacement les 440 milliards d'euros dont dispose le FESF afin de démontrer aux marchés financiers qu'il dispose d'une taille suffisante pour stabiliser les rendements des emprunts espagnols et italiens - une tâche assurée actuellement par la Banque centrale européenne. Mais les pays de la zone euro souhaitent attendre que la Slovaquie ait ratifié l'accord du 21 juillet avant d'ouvrir formellement ce débat. "Ce n'est pas la question du moment. Et d'ailleurs, si l'accord du 21 juillet est mis en œuvre dans sa totalité, cette question ne se posera plus", a dit l'une des sources. L'Allemagne ne donnera pas un centime de plus à Bruxelles Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a exclu que l'Allemagne consacre plus d'argent au Fonds de secours européen (FESF) que les 211 milliards d'euros votés par le Bundestag et le Bundesrat. Il a fait ces déclarations au magazine "Super-Illu". "Le Fonds de secours européen a un plafond de 440 milliards d'euros, 211 milliards incombent à l'Allemagne. Et c'est tout. Terminé. A l'exception des intérêts qui viendraient s'ajouter", a déclaré le ministre dans un entretien. Le Bundestag a donné jeudi son feu vert au mécanisme à l'élargissement du FESF, au terme d'intenses spéculations sur la solidité de la coalition. Le lendemain, la deuxième chambre du parlement allemand, le Bundesrat, a avalisé l'élargissement du mécanisme anti-crise, scellant le feu vert de l'Allemagne au mécanisme. Le ministre grec des Finances confiant pour la 6e tranche d'aide Evangelos Venizelos, ministre grec des Finances, pense que son pays recevra la sixième tranche du plan d'aide arrêté par l'Union européenne et le Fonds monétaire international parce que, déclare-t-il à l'hebdomadaire To Vima, Athènes prend les mesures d'austérité nécessaires. "Puisque nous prenons des décisions aussi difficiles et parce que le peuple grec assume des sacrifices aussi importants, la sixième tranche d'aide est assurée", dit-il en écartant la perspective d'un défaut de paiement de la Grèce sur sa dette. "Toute discussion sur un défaut de paiement est soit naïve, soit dangereuse", déclare le grand argentier dont les propos étaient publiés, hier.