Moscou va à contre-courant de l'Occident en déclarant que les sanctions internationales à l'encontre de l'Iran visent à asphyxier l'économie de Téhéran plutôt que de lutter contre le nucléaire militaire de l'ancien empire Perse. «Ce que les Etats occidentaux et certains autres pays ajoutent à présent, en adoptant des sanctions unilatérales supplémentaires à l'encontre de l'Iran, n'a aucun rapport avec la volonté d'assurer la non-prolifération des armes nucléaires. Tout cela ne vise qu'à étouffer l'économie iranienne et à dégrader les conditions de vie du peuple iranien, peut-être dans l'espoir de provoquer son mécontentement», a déclaré, hier, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, lors d'un point de presse à Moscou, a rapporté l'agence russe Ria Novosti sur son site internet. Téhéran est entré en conflit diplomatique avec l'Arabie Saoudite qui a décidé de compenser la production pétrolière mondiale en cas d'embargo pétrolier contre l'Iran. L'Inde avait déjà annoncé qu'elle continuerait à s'approvisionner de l'Iran en dépit de la pression occidentale sur le régime des Khameneï, accusé de développer un programme nucléaire militaire secret, en violation des lois internationales.Ces derniers jours, la pression sur l'Iran s'est accentuée après que Téhéran a effectué des manœuvres militaires dans le détroit d'Ormuz où transitent plus de 30% de la production pétrolière mondiale. Une réunion de l'Union européenne est prévue à la fin de ce mois de janvier pour décider d'un éventuel embargo pétrolier contre l'Iran, mais Moscou et Pékin se sont déjà opposés, comme elles s'opposent à toute attaque militaire contre Téhéran. A ce propos, le chef de la diplomatie russe a estimé que toute attaque occidentale contre l'Iran sera une véritable «catastrophe avec les plus graves conséquences», ajoutant que «concernant les chances que cette catastrophe se produise, il faudrait interroger ceux qui mentionnent constamment cette option», en faisant référence aux Etats-Unis et à son allié au Moyen-Orient, l'occupant israélien.Israël a menacé à maintes reprises de déclencher une guerre contre l'Iran qu'il considère comme une menace permanente pour sa survie. Le controversé programme nucléaire iranien constitue un prétexte de taille pour provoquer cette guerre qui «ne ferait qu'ajouter de l'huile sur le feu au conflit qui couve toujours entre sunnites et chiites», a averti M. Lavrov. «Et je ne sais pas où s'arrêteraient les réactions en chaîne», a-t-il ajouté.Par ailleurs, l'Iran qui ne veut pas se laisser intimider par ces menaces permanentes, a lancé une offensive diplomatique. Le ministre des Affaires étrangères iranien, Ali Akbar Salehi, s'est rendu, hier, à Istanbul pour chercher le soutien de la Turquie concernant cette question du nucléaire. La Turquie est devenue en fait l'interlocuteur privilégié dans la région pour servir d'intermédiaire dans le règlement du problème du nucléaire iranien. Téhéran avait imposé que certaines discussions sur ce sur sujet se déroulent en Turquie. Et il semblerait que les prochaines négociations avec les 5+1 (Allemagne, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Chine) se dérouleraient à Ankara, selon M. Ali Akbar Salehi. «Je ne suis pas sûr, mais elles (les discussions) auront très probablement lieu à Istanbul», a-t-il dit, sans préciser de date, ont rapporté les médias. La dernière série de négociations entre l'Iran et les 5+1 avaient été organisée à Istanbul en janvier 2010, mais aucun accord n'avait été obtenu. L. M.