Hier encore, des élèves de terminale se sont rassemblés devant l'annexe du ministère de l'Education nationale, sise au Ruisseau (Hussein-Dey) et ont insisté sur leur demande de désignation d'un «seuil» des programmes à réviser pour l'examen du baccalauréat, prévu à partir du 3 juin prochain. La protestation a eu lieu dans le calme, sans incident majeur, en présence des forces de police qui ont fait montre de sérénité dans le contrôle de la situation. Si l'on en croit les dires de certains citoyens, d'autres groupes de lycéens se sont fait remarquer dans d'autres localités de la capitale mais sans faire trop de bruit : «Ils demandent ce qu'ils appellent El Ataba (le seuil).» Fait à relever, ni les parents d'élèves ni les enseignants ne soutiennent l'action contestataire. Bien au contraire, les élèves sont presque seuls sur le terrain, scandant des slogans dont ils ne comprennent pas vraiment la portée. En effet, cette histoire de «Ataba» suscite plus la colère des enseignants et des parents d'élèves que les élèves eux-mêmes. «Ils ne savent pas qu'ils sont en train de se faire du mal à eux-mêmes. Ils veulent accéder à l'université avec un bac sans valeur…», s'inquiète une femme, la cinquantaine, cadre dans une entreprise publique.Contacté par téléphone, Nouar Larbi, le porte-parole du Cnapest (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique), affirme soutenir les jeunes lycéens dans leur revendication portant sur le recrutement de nouveaux enseignants pour les matières essentielles, mais «nous sommes contre le fait qu'ils sortent dans la rue. C'est leur droit de protester, mais seulement à l'intérieur des établissements. Sortir ainsi dans la rue, c'est s'exposer à tous les dangers. Ils deviennent à la portée de tous». Quant à l'autre demande, celle du «seuil», le Cnapest se montre carrément opposé : «Nous sommes contre cette demande de désignation de seuil et surtout pas durant cette période. Ça va influer négativement sur le rythme et la qualité du travail des enseignants aussi bien que des élèves.» Nouar Larbi affirme qu'il est illogique que les candidats soient examinés dans des matières qu'ils n'ont pas faites. Autrement dit, «il y va de soi que les sujets du baccalauréat ne porteront que sur les cours dispensés». Le représentant du Cnapest demande à ce que les enseignants se rapprochent de leurs élèves et leur expliquent leur tort. Même chose à l'égard des parents dont certains sont carrément complices : «Pour certains parents, l'essentiel est que leur enfant accède à l'université… même démuni des connaissances de base.»De son côté, Meziane Meriane, porte-parole du Snapest (Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) affirme : «La sortie des lycéens est previsible. Ils vont exiger ce que le ministère de l'Education nationale a accordé aux élèves de terminale l'année dernière. Je crois que le moment est venu d'en finir definitivement avec ce qu ils appellent le seuil des cours. Il y va de l'avenir des élèves pour pouvoir suivre correctement leur cursus universitaire. Il y va aussi de la qualité du bac. L'élève doit réviser la totalité de ses cours pour avoir un bon bagage». Aussi, poursuit le représentant du Snapest, «On ne doit pas jouer aux populistes avec l'avenir de nos enfants. Nous connaissons les intérêts de nos enfants mieux qu'eux et nous condamnons l'absence de la Fédération des parents d'élèves qui ne réagit que lorsque nous appelons à la protestation du corps enseignant». K. M.