Cette année, la Protection civile ne compte pas se laisser dépasser par les crues et avertit les populations des risques encourus. Dès le mois dernier, la Protection civile a initié un cycle de rencontres à travers plusieurs wilayas afin de sensibiliser les citoyens sur le risque d'inondation. Le souvenir de celles de Ghardaïa et de Bab El Oued hante encore les esprits et tout le monde espère qu'il n'y aura pas de remake même s'il y a encore beaucoup de travaux à réaliser afin de maîtriser les crues et éviter qu'elles ne charrient leur lot de dégâts et de décès. Un recensement effectué par les services de la Protection civile fait d'ailleurs ressortir qu'une commune sur trois, à savoir 485 d'entre elles, sont susceptibles d'être inondées en partie ou en totalité. Peut-être que les séismes sont les catastrophes naturelles qui frappent le plus les esprits mais il n'en demeure pas moins que les inondations sont celles qui sont les plus fréquentes. Il s'avère aussi qu'elles sont tout autant destructrices provoquant d'importantes pertes humaines et matérielles. En outre, il y a un faible recours des citoyens à l'assurance, ce qui ne leur donne guère l'opportunité de compenser les pertes. Cette défaillance contraint l'Etat à intervenir pour prendre en charge les dégâts. Et le Trésor public est fortement sollicité puisqu'en l'espace de 40 ans, il est relevé qu'il n'y a aucune région prémunie contre ces évènements considérés par la Protection civile comme imprévisibles dans le temps et dans l'espace. Il y a déjà eu de grandes inondations engendrées par des pluies exceptionnelles telles que celles de l'automne 1968 et du printemps 1973 affectant l'est du pays ou comme celles de 1974 dans l'Algérois et du Sebaou. En 1984, tout l'est du pays était également touché. Mais celles du 10 novembre 2001 furent les plus meurtrières de l'histoire des inondations en Algérie. Forte de ce constat, la Protection civile parvient à la conclusion selon laquelle la prise en compte des inondations dans l'aménagement et le développement du territoire ne peut pas se limiter à une approche trop locale, sectorielle et à court terme. Cela suppose, au contraire, une politique globale de prévention des risques naturels. La loi 04-20 du 25 décembre 2004 relative à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable, vise justement à combler ce vide. La stratégie de prévention du risque «inondation» est alors fondée sur la surveillance des phénomènes et l'information de la population tout en opérant des travaux de prévention pour se préparer à la situation de crise. Comme pour les séismes, il y a une nécessité d'élaborer des études de localisation des zones inondables pour établir des cartes avec les organismes et institutions concernés comme ceux de la météo, des ministères de l'Aménagement du territoire, de l'Hydraulique, de l'Habitat et des Collectivités locales. C'est ce qui permet de gérer efficacement les catastrophes. Mais en amont, il y a toujours d'autres précautions à observer. Par exemple, la poursuite de la déforestation n'est pas pour faciliter la prévention. Il en est de même pour l'urbanisation anarchique. Ces zones sont directement exposées au risque. Dans ce cas, la Protection civile tente de déterminer les voies de circulation susceptibles d'être coupées ou au contraire utilisables pour l'acheminement des secours ou l'évacuation. Des sites probables de recasement des populations ne sont pas une mesure de trop dans ce genre de sinistres. L'ensemble de ces actions sont consignées dans le Plan Orsec de prévention des inondations et d'organisation des secours. Le système d'information géographique est un autre outil intégrant des informations relatives aux risques. Ces derniers surviennent lorsque des habitants occupent des parcelles incompatibles avec les risques de crue. Certains cours d'eau sont à sec pendant des années et les populations ne prennent pas conscience du danger en cas de chutes de pluies importantes.