Dans le cadre du programme d'activités culturelles élaboré par l'ambassade du Japon en Algérie à l'occasion de la célébration du cinquantième anniversaire des relations algéro-japonaises, coïncidant avec le cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, l'ambassade du japon présente jusqu'au 18 février prochain, une exposition photo intitulée «Counter photography, Japans artist todays» au Centre des arts et de la culture Palais des raïs Bastion 23. Une cinquantaine d'œuvres d'une dizaine d'artistes photographes de renom est présentée au grand public. Ces œuvres viennent du musée d'art de Shoto. Le thème central de l'exposition est «Rendre visibles ceux qui sont invisibles avec la haute capacité des photographies d'enregistrer la réalité». Les amateurs de photographie d'art et le grand public sont donc invités à partager les visions modernistes pétris de la culture ancestrale de ces artistes du pays du soleil levant à l'instar de Miho Akoika, Eikkoh Hosoe, Akiko Sugiyama, Kazuo Katase, Hiroko Inoue, Tomoaki Ishihara, Tomoko Yeneda, Mishihiro Shimabuku, Hiroshi Sugimoto et Miyuki Ichikawa.L'exposition est divisée en deux parties. La première sous la thème «Pour distiller : un autre aspect» présente des œuvres où le photographe s'est focalisé sur l'essence même du sujet qu'il saisi à travers l'objectif dans un instant précis. Il s'agit en fait d'exprimer ou plutôt de tenter de comprendre l'esprit ou l'âme de l'objet. Dans la seconde partie dont le thème est «Pour inverser : une autre relation», les artistes photographes adoptent une approche plus sociale, où ils explorent les relations avec les autres mais aussi avec soi même, son identité, la nature et le pays. Rendre visible l'invisible et extraire l'essence même de ce qui est photographié est le sujet de la série de photographies d'Ichikawa Miyuki intitulée «Dwelling of the void/existing/in between». Dans cette série, l'artiste place son appareil contre une paire de jumelles et photographie un bateau de navigation sous la lumière du soleil se reflétant sur la surface de l'océan. Cette méthode «exprime sa forte aspiration à voir les choses qui sont difficiles à voir par ses propres yeux». Le visiteur découvrira aussi une véritable œuvre picturale, où la frontière entre photographie et peinture n'existe plus. Cela donne naissance à des lignes vaporeuses dominées par le bleu et le blanc et offrant des tableaux abstraits où le regard se perdra dans les chemins sinueux de l'imaginaire et la vision métaphysique de l'artiste.Dans la section «Pour inverser : une autre relation», une des série de photographies incontournables à découvrir, d'autant plus que les catalogues réédités à chaque fois sont épuisés dès leur exposition, est celle du grand Eikoh Hosoe, l'un des précurseurs de la photographie d'art contemporain au Japon, et qui a fortement marqué de son empreinte l'histoire de cet art. Les néophytes comme les profanes auront la chance d'apprécier ses œuvres photographiques en noir et blanc lovées dans l'une des alcôves du Bastion 23. Les photos sont le résultat d'une collaboration étroite entre le danseur Tatsumi Hijikata et le photographe, de 1964 à 1968. La démarche du photographe est une quête de ses souvenirs de paysages qui l'ont profondément marqué dans son enfance lors de son évacuation de Tokyo vers Tohoku, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais il voulait donner une autre dimension à ces paysages, car il s'agissait avant tout de saisir ses souvenirs sur la pellicule et non pas de photographier le paysage. C'est dans cet esprit qu'avec Hijikita «le photographe et le danseur vont réinvestir le démon Kamaitachi, afin de rendre expressif ce paysage, de rendre vivants leurs souvenirs d'enfance».Après avoir monté les marches conduisant au deuxième étage du Palais des Rais, le visiteur montera d'un cran dans les univers artistiques des photographes sans cesse en quête de nouvelles dimensions esthétiques. Parmi les séries les plus impressionnantes celle d'Iroko Inoue intitulé «Absence». La photographe a choisi de photographier des paysages extérieurs vus à travers des fenêtres. Mais pas n'importe quelles fenêtres. C'est celles d'institutions ou cliniques psychiatriques qu'elle a visité dans plusieurs villes japonaises. La plupart de ces fenêtres sont munis de barreaux, ce qui donne souvent lieu à des images striées par le métal. L'artiste a voulu transcender les regards qu'avaient les patients de ces asiles psychiatriques à travers son propre regard. Pour illustrer cela, elle choisi d'imprimer ses propres visions d'images sur du tissu qui est ensuite encastré et illuminé par des boites lumineuses. S. A.