La mandature parlementaire 2007-2012 tire à sa fin. Et dans quelques mois, les Algériens seront conviés à renouveler - sans choisir peut-être - la composante des législateurs du prochain mandat (2012-2017). Que peut-on en fait retenir de la mandature finissante de l'APN ? Même si on s'obstine à accorder encore un rôle institutionnel à notre auguste Assemblée, il n'y a incontestablement rien à retenir. La thèse selon laquelle l'actuelle APN aurait «vidé les réformes politiques de leur substance» ne tient pas la route. Elle ne convainc personne, exception faite des voix officielles et des traditionnels agitateurs gravitant autour du système. Car si un texte devait passer par la voie parlementaire, censée représenter les Algériens, il faudrait se prémunir d'une Assemblée mal élue. Or, la législature née au printemps 2007 a été entachée d'un boycott massif. Le taux de participation des électeurs à cette joute électorale n'a pas dépassé le seuil des 35%. Et, encore un chiffre révélateur, sur les 6,6 millions d'Algériens ayant daigné voter, plus d'un million ont glissé des bulletins nuls. Un boycott d'une telle proportion a donc mis l'APN sur une mauvaise note de départ. Un déficit de représentativité, donc de légitimité, est ainsi venu s'ajouter à une limitation de prérogatives, qui ne fait pas, curieusement, bouger les premiers concernés. Mal partie donc, compte tenu du taux de participation, l'Assemblé populaire nationale n'en manquera pas, en cours de mandat, de livrer des preuves solides, attestant son «divorce» avec la cause des Algériens. Ces derniers garderont, à cet égard, dans leur mémoire, la prestation risible des députés quand il est question de voter certaines lois. Celle relative à l'importation du textile usager, communément désigné par le vocable «chiffoune», en a été la parfaite illustration. Car, après l'avoir approuvée, pour des objectifs toujours énigmatiques, les députés se sont rétractés pour annuler une loi qu'ils avaient ardemment défendue. Encore une fois, leur revirement n'a convaincu personne. Sauf à mettre cette volte-face sur le registre, peu vérifiable, des réseaux de l'importation. Cette loi «chiffon» a ainsi sonné la dérive morale de l'APN où il n'y a plus de place, ni de siège, pour l'éthique politique. Certains tenteront de vendre le rêve d'élire une «bonne» Assemblée au printemps prochain. L'on trouve cependant de la difficulté à entrevoir une telle évolution même quand on intègre la donne nationale dans le contexte régional. Autour de nous, des pays ont organisé des législatives que des Algériens «normaux» rêvent de voir chez eux. Surtout en matière de mobilisation et de taux de participation. Pour y arriver, il y a un préalable. Que la chose politique soit réhabilitée et qu'elle soit exercée par ceux qui portent des idées politiques partagées par des franges de la société. Ce n'est malheureusement pas le cas pour notre APN, cette véritable boîte d'enregistrement et néanmoins fausse représentation de la société.Vus de l'Algérie réelle, les députés sont plus des représentants de sigles que des porte-voix des électeurs. En voyant les députés intervenir, les Algériens se disent que «ces gens» ne sont pas dans cette tribune pour défendre des idées ou la condition de leurs électeurs. Mais ils y sont arrivés, pour la grande majorité, en véritables opportunistes. En candidats aux privilèges qu'offre le statut de député dans un système structuré par la rente. La boucle parlementaire sera bouclée au printemps prochain. Avec cette prime de 300 millions annoncée au profit de chaque député en reconnaissance pour «service rendu». Mains et pieds levés ! A. Y.