Les Algériens ne trouvent pas de motifs pour saluer l'exercice de cette Assemblée dont le mandat arrive à échéance. Le 17 mai 2007, les Algériens ont élu les députés de la sixième législature pour un mandat de cinq ans. Les deux tiers des inscrits sur les listes électorales ont boycotté ce scrutin. A voir le bilan très mitigé de cette législature, on est tenté de dire que les boycotteurs ont finalement eu raison. D'ailleurs, ils ne le regrettent pas. «Oui, j'ai boycotté les législatives de 2007 et si on y revient je les boycotterai. Le résultat, vous le voyez et je parie que même ceux qui ont voté l'ont regretté», souligne d'emblée, Samir M.enseignant. Il s'explique: «L'APN a incriminé les harraga. Elle a rejeté l'augmentation des pensions des retraités, elle a refusé d'aligner Yennayer au rang des fêtes nationales et j'en passe. C'est une assemblée d'affairistes qui ne mérite aucun égard.» Aborder le mandat actuel de l'APN avec les citoyens, c'est comme aborder le sujet relatif à une catastrophe naturelle. Sauf qu'avec l'APN, la catastrophe est provoquée par la bêtise humaine: celle d'une assemblée qui n'a rien fait pour se faire respecter et soigner son image. Le moins qui puisse être dit est que l'opinion publique est très critique envers une Assemblée nationale qui est restée en deçà des attentes. Tous les citoyens questionnés ont, en fait, décoché une flèche sur le dos de cette Assemblée, ne reconnaissant même pas sa représentativité. «Déjà, elle est issue d'une fraude électorale et du système des quotas», rappelle Ziad L. militant du mouvement associatif. «Elle n'est pas représentative, elle est mal élue et la majorité du peuple ne se reconnaît pas dans cette institution», a-t-il ajouté. Dès lors, il ne faut pas s'étonner de la soumission de cette institution au pouvoir exécutif. «Elle n'a même pas le mérite d'être qualifiée de chambre d'enregistrement. C'est une passerelle par laquelle transitent les décisions prises dans d'autres sphères politiques», estime S. Benidir, retraité de son état. D'autres citoyens estiment que la deuxième chambre du Parlement a failli à sa mission législative et n'a pas été à la hauteur de son rôle de contre-pouvoir. «Les députés qui ont siégé à l'APN 2007 ne représentent qu'eux-mêmes et peut-être les membres de leurs familles», a noté Salim, ingénieur en informatique. Même la corruption qui gangrène le pays, de la base jusqu'au sommet, n'a pas capté l'attention de cette Assemblée qui a laissé faire. Cette APN a rejeté une proposition parlementaire du RCD d'engager un débat général sur ce phénomène, faite dans la foulée de l'éclatement des scandales Sonatrach et de l'autoroute Est-Ouest. Mais ce que retiennent les citoyens interrogés est surtout l'augmentation des salaires des députés en 2008. Les locataires de la chambre basse du Parlement ont tous, excepté ceux du RCD, voté pour cette augmentation et touchent mensuellement presque 30 millions de centimes. «Je n'ai aucun respect pour cette Assemblée qui a refusé l'augmentation du Snmg mais qui a avalisé sans retenue une augmentation faramineuse des salaires de ses propres locataires. C'est indigne pour une assemblée qui se respecte», peste un chirurgien-dentiste. La fonction du député est devenue alors, de lever la main. Lassée, la majorité a engendré un truc phénoménal: l'absentéisme. «Moi, il y a une image qui me marque de cette Assemblée. Lors des séances plénières, il arrive que seulement 10 députés sur 389 soient présents. C'est scandaleux», note un journaliste, habitué des couloirs de l'APN. Il ajoute en ironisant: «Etant une chambre de relaxation, ça m'arrive d'y venir pour me reposer car elle est confortable.» Dahmane Laker, militant politique et associatif, résume le bilan de cette législature: «C'est l'Assemblée la plus rétrograde que l'Algérie n'ait jamais connue.»