De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Le wali d'Oran a assisté, hier, à la cérémonie d'installation des sept nouveaux chefs de daïra mutés dans la capitale de l'Ouest. L'installation des nouveaux chefs de daïra dans leurs fonctions intervient dans un contexte de déliquescence et de laisser-aller dans les différents services de l'administration locale. Les retards dans la livraison des projets et les imperfections et autres lacunes caractérisent, en fait, une wilaya en perte de vitesse, en proie à des convoitises permanentes et à la recherche de repères fiables. C'est d'ailleurs dans ce décor peu encourageant que le wali d'Oran, Tahar Sekrane, a tenu à inciter les nouveaux locataires des sept daïras à faire preuve d'attention face aux problèmes et autres difficultés qui taraudent les populations locales. «Le citoyen ne nous voit plus comme des partenaires, mais comme des adversaires. Il faut arriver à changer cette attitude. Il faut faire preuve de célérité dans le traitement des problèmes du citoyen et imposer un contrôle rigoureux dans tous les domaines», a-t-il dit face aux membres de l'exécutif de wilaya. Le cahier des charges dépasse, de loin, les capacités des nouveaux chefs de daïra qui doivent composer avec des habitudes sédentaires et des réflexes ancrés dans les traditions de l'administration locale depuis des lustres maintenant. Autant dire que les nouveaux chefs de daïra ont besoin de toute une révolution dans ce domaine afin de concrétiser les attentes et les espérances du wali, qui sont finalement celles du citoyen. Le premier responsable de la wilaya a, par ailleurs, mis en exergue les nouvelles orientations et instructions du président de la République concernant la prise en charge de la frange juvénile. D'où la présence de plusieurs responsables de l'Exécutif de wilaya, notamment les directeurs de la formation professionnelle, de l'agriculture, des forêts, etc. Le wali a estimé, dans ce contexte, que les chefs de daïra «doivent composer avec tous afin de mener à bien leurs missions. Ils doivent regrouper les représentants de l'ANSEJ, ceux de la formation professionnelle, les comités de quartier et d'autres encore afin de maîtriser la situation», confiera-t-il avant d'ajouter au sujet des harraga : «Nos jeunes ne doivent plus être seuls, vulnérables victimes en proie à tous les dangers. Nous devons conjuguer nos efforts afin d'aboutir à de bons résultats.» Des orientations prometteuses qui restent à concrétiser réellement sur le terrain. C'est une tout autre histoire. En effet, si on prend l'exemple du chef de daïra d'Es Senia, qui a passé 8 longues années à ce poste, quel bilan pouvons-nous établir de son mandat ? Une daïra comme Es Senia qui dispose de trois communes, notamment le chef-lieu de daïra, Sidi Chahmi et El Kerma, a tout pour réussir à première vue. Seulement, cette daïra vit dans le dénuement et les crises perpétuelles depuis des années déjà. Les émeutes qui ont touché la commune d'El Kerma et celle de Sidi Chahmi, la tension qui continue de marquer ces communes, le problème des constructions illicites qui ont sensiblement augmenté dans cette daïra depuis ces dernières années, les dilapidations foncières et la mauvaise gestion du dossier de la circulation et du transport sont autant d'indices réels sur la gestion des uns et des autres. Dans cette daïra, les usagers de la carte grise sont sanctionnés depuis l'été dernier à la suite de la suspension du chef de service pour une affaire, pour le moins, paradoxale. La ville d'Oran, El Bahia, est restée plus de trois années sans chef de daïra sans que cela inquiète personne. Aujourd'hui, le nouveau chef de daïra se retrouve avec plus de 500 passeports sur le bureau à faire signer. C'est inadmissible. Cela sans compter les commissions de daïra de cession des biens de l'OPGI qui ne se sont pas réunies depuis plus de quatre années déjà. Cela, malgré les orientations et les recommandations du ministère de l'Habitat de faire vite dans la cession de ces biens à usage commercial et d'habitation. Autant de problèmes et de difficultés qui demandent la réalisation de véritables miracles, sinon une révision globale des prérogatives des chefs de daïra et même celles des walis. Une chose est certaine, les responsables au plan local doivent faire preuve d'ingéniosité et d'esprit d'initiative afin d'être au diapason des attentes des citoyens et des impératifs du moment.