Enfermé dans un placard en guise de punition, un enfant de 4 ans y décède, et ce, récemment dans une crèche privée de la ville d'El Kseur. La malheureuse éducatrice avait oublié le séquestré au moment de la sortie. Les parents, qui ont attendu en vain le retour de leur fils, déclenchent l'alerte. Jointe immédiatement par téléphone, l'enseignante confesse son geste quelques heures plus tard. Fortement traumatisé dans son étroite cellule, le chérubin s'est éteint d'un arrêt cardiaque. La directrice de l'établissement en question et l'instructrice, principale responsable de la tragédie, ont été condamnées à de lourdes peines de prison. Dans un CEM de la région d'Akbou, un adjoint d'éducation a été sévèrement tabassé par un parent d'élève suite à un précédent différend entre son fils et la victime. Cogné sur plusieurs endroits du corps, le médecin a prescrit un congé de maladie de plusieurs jours à l'infortuné fonctionnaire de l'éducation. Dans une autre commune, un écolier, sévèrement puni par son maître d'école, est rentré chez-lui les mains couvertes de bleus. Offusqués, les parents engagent une procédure contre l'école et l'enseignant. L'association des parents d'élèves a finalement dénoué le conflit. Il y a quelques années, dans une autre localité, une collégienne violemment bousculée avait perdu son «pucelage» en plein cours. Cette fois, la scandaleuse affaire a été portée devant le tribunal, et l'enseignant incriminé a fini en prison. Des histoires comme celles-ci sont légion dans les établissements scolaires de la wilaya de Bejaïa. Entre les enseignants, les apprenants, les parents et l'administration le courant passe mal. Que la violence soit l'œuvre d'un ado, cela se comprend. Mais quand des adultes, parents ou enseignants, s'échangent des insanités et des coups de poing devant tout le monde, le phénomène devient vraiment alarmant. Des cas de violences et de bagarres entre élèves sont aussi légion à travers tous les établissements scolaires de la wilaya. Que cela soit à l'école primaire, au cycle moyen ou même au lycée, cette attitude de révolte et de défi génère immanquablement des conflits qui dépassent le cadre strictement scolaire. Certains éducateurs, notamment les femmes, ont été déjà rudement malmenés ou sérieusement traumatisés par des collégiens ou des lycéens en crise d'adolescence. Des plaintes et des procédures judiciaires ont été engagées contre les petits fauteurs de troubles. D'autres, au risque de paraître mous aux yeux de leurs collègues, déploient quotidiennement tant de diplomatie et de sagesse pour ramener le clame et la sérénité dans leur classe. Des parents d'élèves reconnaissent volontiers cette réalité, mais sans omettre de souligner la violence du contexte général. S'inspirant de leur environnement social, les enfants recourent, au moindre pépin, au bras de fer et à la force physique. L'école, elle-même, est également jugée responsable dans cette situation. La surcharge des programmes accentue davantage la pression subie par l'élève avec de fâcheuses incidences sur son comportement. L'enseignant, sommé d'achever son programme dans les délais, est également soumis à une pression permanente. L'administrateur n'échappe pas à cette réalité lui aussi. Ainsi conditionné, le milieu scolaire est aujourd'hui dangereusement angoissé. Pour évacuer tout ce stress, les spécialistes adhèrent à l'idée d'aérer un peu les cours en accordant davantage d'importance aux activités récréatives. Le cinéma, le dessin, la musique, le théâtre, l'exercice sportif, les sorties sur le terrain sont autant de remèdes susceptibles d'adoucir les mœurs des uns et des autres. Les associations de parents d'élèves doivent aussi agir pour aplanir les difficultés et créer un climat de sérénité.