La tension sur le gaz butane persistait encore hier dans plusieurs localités de la wilaya de Tizi Ouzou, suite à la tempête de neige qui s'est abattue sur la région depuis près d'une semaine, provoquant l'isolement total de plusieurs dizaines de villages. Les trois centres de distribution de Naftal, chargés notamment de mettre les bonbonnes de gaz butane à la disposition des citoyens, sont toujours dépassés par la forte demande exprimée à un moment où les températures flirtent toujours avec le zéro. Cela malgré la «disponibilité» de ce produit, selon les déclarations du directeur de l'énergie et des mines qui parle de 35 000 bonbonnes de gaz butane mobilisées. Des bonbonnes de gaz qui n'arrivent cependant pas aux dizaines de villages encore enclavés par l'abondante chute de neige. Le centre de distribution d'Ath Yahia, dans la daïra de Aïn El Hammam, est toujours inaccessible pour les villageois, d'où la décision prise par les services de la wilaya d'envoyer deux engins pour ouvrir les routes qui y mènent. De l'autre côté, un engin est arrivé aussi du chef-lieu de daïra, pour libérer la route de l'autre versant, toujours vers la localité d'Ath Yahia. Ce centre de distribution de bonbonnes de gaz butane s'est avéré inutile, du fait que les villageois de plusieurs localités voisines, comme Akbil et Ath Bouyoucef, sont restés prisonniers de la neige depuis le début de la tempête, donc incapables de se déplacer vers Ath Yahia pour s'approvisionner en gaz butane. Dans différents points de vente, y compris au chef-lieu de wilaya, des chaînes interminables se forment pour acquérir ces bouteilles de gaz tant prisées, sans que personne ne soit sûr s'il va en obtenir ou non.Les citoyens n'ont pas tardé à exprimer leur colère devant ce qu'ils appellent un abandon, surtout que ces bonbonnes de gaz sont disponibles et proposées à des prix exorbitants sur le marché parallèle. Des spéculateurs sans foi ni loi n'ont pas hésité à profiter de la détresse de la population pour se faire de l'argent, en proposant des bouteilles de gaz à des prix oscillant entre 1 000 et 2 000 dinars. Des vautours sans scrupules qui ne seront certainement pas inquiétés, comme ne le seront pas non plus les autres suceurs de sang qui n'ont pas hésité à «revoir» à la hausse les prix des produits alimentaires les plus consommés par les petites bourses tels que la pomme de terre, l'oignon et la carotte, proposés, à la faveur de cette tempête, à respectivement 90, 50 et 60 dinars le kilogramme. Entretemps, les citoyens des localités montagneuses encore isolées par la neige continuent à s'activer, avec leurs élus locaux, dans le but de rouvrir les routes encore bloquées par la neige. Rejoints plus tard par les unités de l'ANP, les villages auraient pu être libérés s'il n'y avait pas le retour des chutes de neige, hier, sur les hauteurs de la wilaya où les routes rouvertes risquent d'être coupées encore. Des flocons qui n'étaient heureusement pas abondants. Ces chutes risquent de se poursuivre jusqu'à samedi prochain.De son côté, la Société de distribution du Centre (Sonelgaz) poursuit ses interventions à travers les localités de la wilaya pour rétablir le courant électrique là où la tempête de neige a causé des pannes et des chutes de câbles. Plus de 3 000 foyers étaient encore sans électricité hier et la lenteur des agents de la SDC n'a pas tardé à faire réagir les citoyens de différentes localités de la wilaya, qui ont exprimé leur mécontentement par des actions de protestation. Ainsi, après les habitants de la haute-ville de Tizi Ouzou et ceux de certains villages de la daïra d'Azazga, hier c'était au tour des villageois de la localité de Tadmaït, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest du chef-lieu de wilaya, d'exprimer leur colère en fermant la Route nationale N° 12, entre Tizi Ouzou et la capitale. Les habitants de quelques villages de Sidi Ali Bounab entendaient protester contre la lenteur des services de Sonelgaz dans le rétablissement du courant électrique, coupé depuis près d'une semaine, alors que leurs villages sont accessibles. Devant les difficultés rencontrées par les agents de cette entreprise publique, des renforts en hommes et matériels ont été envoyés à partir de Blida pour prêter main forte à leurs collègues de Tizi Ouzou. Certains n'ont pu rejoindre leurs collègues, car bloqués par la neige dans leurs villages.