C'est peut-être une avancée majeure dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer. Un médicament, le bexarotène, a fait reculer en quelques jours seulement les plaques séniles chez des souris, qui ont, de plus, retrouvé leurs capacités cognitives. Les premiers résultats des tests cliniques chez les humains sont espérés en 2013. Selon une étude publiée jeudi dans la très sérieuse revue américaine Science, ce médicament contre le cancer a rapidement restauré les fonctions cérébrales normales de souris de laboratoire atteintes de l'équivalent d'Alzheimer, une avancée pouvant déboucher sur un traitement pour cette maladie incurable et dévastatrice, Non seulement cet anti-cancéreux, le bexarotène, a fait disparaître chez ces souris jusqu'à 75% des plaques de bêta-amyloïde, une forme de protéine dont l'accumulation est une des principales caractéristiques pathologiques d'Alzheimer, mais il a aussi inversé les symptômes de cette maladie, comme la perte de mémoire. Tout juste 72 heures après avoir commencé le traitement avec le bexarotène, les souris de laboratoire — génétiquement modifiées pour développer l'équivalent de la maladie d'Alzheimer — ont commencé à montrer des comportements normaux, expliquent les chercheurs à l'origine de cette étude. Ces animaux ont ainsi retrouvé leur mémoire et leur sens de l'odorat, explique le Dr Daniel Wesson, professeur adjoint de neurosciences à la faculté de médecine Case Western à Cleveland (Ohio, Nord), principal co-auteur de l'étude. Il note que la perte de l'odorat est souvent le premier signe de la maladie d'Alzheimer chez les humains. Cette avancée est « sans précédent », juge Paige Cramer, un chercheur de la faculté de Médecine Case Western qui a contribué à cette recherche: « Jusqu'alors, le meilleur traitement existant chez des souris de laboratoire prenait plusieurs mois pour éliminer les plaques amyloïdes». « Ce médicament est efficace chez les souris et notre prochain objectif est de s'assurer qu'il agit de la même manière chez les humains», ajoute le Dr Gary Landreth, professeur de neurosciences dans cette même faculté et principal auteur de l'étude. «Nous en sommes encore au tout premiers stades de nos efforts pour transformer cette découverte de recherche fondamentale en un traitement», note ce chercheur. Selon le Dr Wesson, l'équipe de recherche «espère obtenir les premiers résultats d'un essai clinique préliminaire d'ici l'année prochaine»